Prieuré de Camon |
|
Anciennes graphies : CAMBO, QUAMBO, Sanctus Mariam Monasterii Cambonis. Origine du nom : |
Le monastère de Camon
dépendant de l'ordre de Saint Benoît était dédié au Saint Sauveur et à la Vierge. Il est fondé au début du 10ème siècle dans le diocèse de Toulouse après les abbayes de St Audard, de Lézat, et de Mas Gremier. En ces temps on assiste à l'essor du monachisme bénédictin qui reçoit l'appui de l'aristocratie locale. Alors les institutions ecclésiastiques mélangent le spirituel et le matériel. Les évêques et principaux dignitaires de l'église appartiennent à de grandes familles. L'élection épiscopale est soumise à l'approbation du comte et du vicomte. Elle s'accompagne traditionnellement du versement d'une somme en argent (munus ou domus). Cet usage s'appuie sur une tradition séculaire qu'on dit remonter au temps des fonctionnaires impériaux de la Narbonnaise. Ces ecclésiastiques sont bien avant tout des seigneurs jaloux de leurs pouvoirs. De nombreux abus appelleront bientôt la réforme grégorienne. Le diacre Simplicius (ou Sulplicius) et ses frères Guitard et Armand appartenant à l'aristocratie locale, certainement apparentés aux lignages des vicomtes de Carcassonne et Razès, vont placer le prieuré de Camon sous la dépendance des Bénédictins de l'abbaye royale de Lagrasse (1). Il s'agit de gagner en indépendance par rapport aux pouvoirs des Comtes de Toulouse et de la maison de Carcassonne . En effet La Grasse qui place son origine dans un diplôme de Charlemagne, remis en 779 à Nifridus son premier abbé, est depuis une abbaye Royale.
|
Principales dates et sources écrites(2) :929 : Le premier document connu dit que cette année là le prieuré de Camon reçut une donation de Tendard et de Béliarde son épouse. Il avait alors à sa tête l'abbé Sulpice ou Simplicius auquel appartenait le fond sur lequel il avait été construit. 943 : Camon
passe sous la dépendance de l'abbaye de La Grasse de l'ordre de Saint Benoit d'Aniane qui est
dirigée par l'abbé Suniaire (XIéme abbé de Lagrasse). C'est l'abbé Simplicius(ou
Sulplicius) et ses deux frères Guitard et Arman
qui remettent leurs possessions de Camon. Ils consistent en "titres, terres, vignes, cultures et lieu non cultivés, moulins, points d'eau, bois,
chênaies, prés pâturages ... " Ils donnent en même temps d'autres biens,
le tout est considérable.
Cela donne à penser qu'ils sont apparentés aux grandes familles de la région. Parmi
ces biens les alleux de Saint Pierre(de la Bouiche),
de Saint André de Corbiéres (1). 999 : Etienne est le premier prieur mentionné dans un acte de cette date. Le monastère héberge 12 religieux. 1034 : Lors du partage entre Pierre Roger, évêque de Gironne, Comte de Carcassonne et Roger Bernard Comte de Foix, Camon a le titre d'abbaye. Pierre Roger se la réserve. 1068 : Dans une donation du Comte de Foix Camon n'est plus qu'une prévôté dépendant de La Grace 1118 : Elle est mentionnée comme possession de la Grace (Lagrasse) dans une bulle de Gélase II. 1215 : Lors de la croisade contre les Albigeois, l'abbé de La Grasse proteste contre la remise, de certains biens anciennement sous la dépendance de Camon, à Guy de Lévis lieutenant de Simon de Montfort. Il en résulte une convention signée à Carcassonne le 10 août 1215. Ces biens resteraient aux seigneurs croisés qui les tiendraient en fief du monastère(3) 1237 : Bernard III d'Imbert prieur de Camon est élu XXXII éme abbé de La Grace le 09 juillet 1237. Il reçu une rente de 300 livres pour sa part des biens confisqués au hérétiques (4) 1318 : En créant l'évêché de Mirepoix (22/02/1317) le pape Jean XXII fixe à 12 le nombre des religieux. Pour augmenter le revenu de la mense conventuelle il lui unit le prieuré de Peyrefitte (bulle 12 août 1318). 1494 : Le manque de ressources incite les religieux à abandonner le monastère. Il reste seulement un sacristain. Le parlement de Toulouse informé de cet état des choses, intervient. Il séquestre les revenus. Il demande la reconstruction des lieux réguliers et oblige l'abbé de la Grace à y installer 6 religieux. Ils vont y rester jusqu'en 1608. 1498 : Philippe de Lévis évêque de Mirepoix devient prieur. Il fait reconstruire le prieuré. Ses armes ornent toujours la clé de voûte de l'abside et les contreforts de l'église conventuelle. 1597 :Vente des seigneuries de Sibra et de Pierreficte en Lauragais. Afin d'honorer la rente de 50 000 écus accordée par le Pape au Roi de France des biens du clergé doivent être vendus. Le prieur de camon Jacques de Villemur afin d'acquitter sa cote part met en vente les seigneuries de Sibra et de Pierrefitte en Lauragais Le 14 juin 1597 la seigneurie de Sibra échoit à Louis de George (5) 1608 : Le couvent est à nouveau abandonné. Cependant les prieurs continuent à en toucher les revenus. 1699 : Retour des moines
|
PRIEURS DE CAMONDom Devic et Dom Vaissette dans leur Histoire du Languedoc ont dénombré 27 prieurs au monastère de Camon. Six appartiennent à la famille de Villemur. A l'époque du développement des églises cathares puis de la croisade lancée contre elles par le pape Innocent III nous avons à la tète du prieuré :
|
Philippe de Lévis évêque de
Mirepoix.
|
CAMON ET LE CHERCORBLes prieurs de Camon avaient des droits sur le pays de Chercorb (ou Kercorb). En 1273 c'est Jean 1er de Bruyères qui dispute des rentes à Pons de Villiers qui est à la tête du prieuré. Transaction entre Jean 1er de Bruyéres, baron de Chalabre, et le prieur de Camon Jordan de Rochefort, au sujet des fourches patibulaires d'Ourjaquet, lieu proche de Rivel actuellement dans l'Aude. "... ces fourches demeurant dans la terre du dit Thomas de Bruyéres à l'endroit d'Ourjac, le prieur en laissant l'entier abandon d'icelles, sera libre d'en élever en lieu et place qu'il sera en son aisance dans la terre de son prieuré ..." (archives du château de Chalabre d'après le Dr P. Courrent). Le prieur de Camon tenait à conserver les droits de haute, moyenne et basse justice apanages des tenants de fiefs. D'après Casimir Pont historien de Rivel les trois tours qui avaient supporté les bois de justice étaient encore visibles au début du 20éme siècle. (Histoire de la terre privilégiée)
|
LES HEURES NOIRES DU PRIEUREAprès les outrages des guerres de
religion, la Révolution ... En 1962 Raymond Escholier écrivait
dans "Mes Pyrénées" : Le cloître de l'abbaye a été dépecé
récemment et emporté au delà des mers par cette bande noire, antiquaires et
vandales dont Victor Hugo dénonçait il y a plus d'un siècle les méfaits. |
SOURCES (1) - Elisabeth Magnou-Nortier,
Recueil des chartes de l'Abbaye de La Grasse T1, p89 Acte 54 |
ISSN : 1626-0139
|
|