MONTARAGOU |
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ARMOIRIES |
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D'azur au franc quartier d’or. Armoiries
données d’office en 1696 dans l’Armorial général de Charles d’Hozier. C'est
le blason de la communauté de Montaragou |
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Dans le château de Montaragou on peut voir des blasons représentant les armoiries de familles ayant possédé ce bien |
LE CHÂTEAU |
Un château était vraisemblablement là, avant l'an mille. Lorsque le 22 juin 943 le diacre Sulplicius et ses frères donnent à l'abbaye de La Grasse le
monastère de Camon il y joignent plusieurs alleux. Parmi ceux ci il y
l'église de Saint Pierre (de la Bouiche) avec ses terre, vignes et bois. Elle
est prés de l'alleu de Monte Laeto. Et in alio loco ubi dicitur Monte Laeto, dono alium
alodem cum ipsa ecclesia Sancti Petri, cum terris et vineis et silvis, et cum
omnes fines et aiacentiis earum, tam quaesitum quam inquirendum. (1) Dans un acte de janvier 959 Sulplicius demande à Amiel Sulpicius d'assurer la baylie des alleux dépendant du monastère de Camon. Parmi ceux ci "Monteleto" : et alium alodem Monteleto cum ipsa ecclesia Sancti Petri.(2) Quel était ce "Monte Laeto" ou Monteleto ? L'un évoque la richesse, l'autre la destruction. |
EST-CE L'ANCIEN CHATEAU DE KERCORB ? |
Le Kercorb était une extension du
comté de Razès sur le comté de Toulouse. On ne connaît pas avec précision ses
limites. La description la plus communément publiée place sa limite occidentale
vers Balaguier, actuellement un hameau
de la commune de Corbiéres dans l'Aude.
Le "pech" de Balaguier qui le surplombe accueillait un château qui commandait le pays de Kercorb.
Cette définition s'appuie sur un acte de 1167(3). Pourtant le Kercorb initial pouvait s'étendre un peu plus loin vers l'ouest, jusqu'à venir au contact de la terre de Mirepoix. Il est décrit comme se situant face au pays de Queille dont il était séparé par la rivière de l'Hers. La vallée de l'Ambronne , vals de Umbrans, devait en faire partie. Dans son testament de 1154 de Raimond Trencavel donne le Chercorbes à sa fille Cécile. Il comprends deux lieux, Balaguer et Chercorb.(4) On doit comprendre qu'il s'agit de deux châteaux, Kercorb et Balaguier. Trois décennies plus tôt on ne parlait que de château de Cheircorb.(5) Dans des actes les plus anciens ,on ne trouve pas de château Balaguier. On se réfère au pays Kercorbes ou de Cairocurbense et au château de Kercorb ou de Cairocurbe.(6). Ce n'est que dans les chartes plus récentes qu'on cite que de château de Balaguier et le pays Balagaires inclus dans le Quercorbes.(7). Le premier château de Kercorb n'était peut être pas au "pech" de Balaguier.(8) S'il y avait été pourquoi aurait-on changé de dénomination? Il se trouvait certainement à proximité de Queille. Il était également proche du monastère de Camon. La famille des initiateurs du prieuré, Sulplicius et ses frères, ne pouvaient avoir qu' une position de premier plan dans la contrée. Alliée certainement aux comtes de Razès et de Carcassonne. Appartenaient-elle à Queille ou au Kercorb?. Un acte de vers 1034 la place dans la mouvance de Queille.(9) Cependant lorsqu'ils mettent leur monastère sous la protection de l'abbaye de La Grace (Lagrasse) ils y joignent des territoires considérables pour la plupart hors de l'ancienne viguerie de Queille. Une bonne partie est dans le comté de Toulouse et le Razès, dont la partie occidentale du Kercorb. Ainsi leurs alleux de Montaragou furent cédés ainsi que bien d'autres terres, dans la vallée de l'Hers et sur les collines environnantes (1) (2) (10). Mais on ne parlait pas de château dans ces dotations. "Monte Laeto" (ou Monteleto) continua t-il à avoir une activité indépendante du Prieuré? C'est lui qui donna à Montaragou son attribut de seigneurie. Jusqu'à la révolution c'était une baronnie. De par situation face à Queille le château de Montaragou "commandait", au sens militaire du terme, la vallée de l'Hers par trois de ses cotés. Il pourrait bien être le premier château de Kercorb. On cite le Castellum de Kercorb dans un acte passé vers 1034 entre Roger 1er de Foix et son oncle Pierre évêque de Gérone(11), ancien abbé de La Grace. Il figure à nouveau en1095 dans l'accord entre Roger de Foix et Emengarde de Carcassonne(12). Avant de se croiser pour la terre sainte il fait la paix et abandonne ses prétentions sur les territoires le long de la vallée inférieure de l'Hers disputés depuis de longues années. Notamment il donne, s'il mourrait sans enfant, les châteaux de Mirepoix, Kercorb et Queille. |
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Il a été souvent utilisé le terme de "tour " pour désigner cet ouvrage. Cela est peut être du à l’aspect actuel de la ruine. Il fallait successivement franchir deux petits pont-levis, puis deux portes, pour pénétrer dans l'enceinte. Une muraille faisait sas après le deuxième pont-levis. Il était surplombé par une tour dont la base était fermée par un porte ou une herse coulissant verticalement. Ensuite on accédait à l'intérieur du château, dans une cour. Une bonne partie de l’ouvrage était certainement en bois. La muraille courait d'est en ouest. Au nord un précipice. Il semble qu'il y ait eut effondrement de l'assise qui aurait pu supporter un mur. L'à-pic n'est pas tel, qu'il ait pu être laissé sans aucune défense. | |
LA COMMUNAUTE DE MONTARAGOU | |
Il existait un village à proximité du château.
Les terres qu'il rassemblait avaient pour origine les alleux appartenant au
monastère de Camon. (1 et 2) Ces communautés de Montaragou et de Sibra restèrent
longtemps sous la coupe du prieuré. Au début du seizième siècle Philippe de
Lévis l'évêque de Mirepoix ce trouve à la tête du prieuré de Camon. C'est un
bâtisseur qui laissera son empreinte aussi bien dans la cathédrale de Mirepoix
que dans la prieuré. C'est aussi un seigneur qui exerce son pouvoir féodal. En
1520 et 1525 il procède aux reconnaissances des communautés de Montaragou et
Sibra. (13) Le 14 juin1597 la seigneurie de Sibra Pastouret et Sermet est retirée du consulat de Montaragou. En effet, afin de procurer au Roi les 50 000 écus accordés par le Pape, le diocèse de Mirepoix, taxé a hauteur de 2373 écus, met en vente sous enchère une partie des biens de Camon. Louis de Saint Georges en est l'acquéreur. (14) Les terres de Sibra reviendront sous le pouvoir du prieur de Camon qui les rachètera le 27 mai 1706, laissant au sieur de Saint Georges le seul château de Sibra et les marques seigneuriales, sans la jouissance de la seigneurie. La seigneurie sera rachetée en 1712, mais les prieurs resteront les seigneurs dominants. Dans les reconnaissances Sibra, Pastouret et Sermet sont un baillage dépendant de la baronnie de Montaragou (15) Les bénédictins du prieuré de Notre Dame de Camon qui dépendent de l'abbé de Lagrasse sont les seuls seigneurs en toute justice, haute, moyenne basse directe et foncière maire mixtes et impaire. Le territoire de la juridiction de Camon était très étendu. Nous l'avons vu, il comprends la seigneurie de Sibra, mais aussi le hameau de Ennaudé et Saint Pierre de la Bouiche (16) |
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Le sort des habitants de Montaragou fut longtemps lié à ceux de du prieuré Camon.
Lors du siège de Montségur en 1244, les habitants de Camon fournirent un fort
contingent chargé d'aider au siège. Mais ils se montrèrent souvent complaisants,
laissant passer le ravitaillement pour les assiégés que leur amenait les gens du
pays, parfois leurs voisins (17) Parmi les compagnons de Roger de Mirepoix le défenseur du "pog" cathare il y avait Guillaume d'Aragnou sergent au château. Dans plusieurs témoignages, recueillis par les inquisiteurs, on le retrouve en compagnie de Raimond de Corbiéres de Balaguier. Tous deux firent partie du raid sur Avignonet qui massacra les inquisiteurs. Guillaume d'Aragnou ramena un scapulaire comme butin.(18) |
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LA METAIRIE DE MONTARAGOU |
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Une métairie de
Montaragou, qui dépendait de la commune de Camon, a subsisté jusqu’au début du 20éme siècle à quelques centaines de
mètres de l'ancien village, sur la pente sud-est. Au 18éme siècle elle était détenue par la famille Douce. Le 30 octobre 1791 Jeanne Douce reçoit en dot 1300 livres provenant de ses droits paternels et maternels sur la métairie de Montaragon, dépendant de la municipalité de Camon, délaissée par son défunt père et dont son oncle Bernard Douce est en possession.(19). En 1816 la métairie est habitée par Bernard Douce (20) |
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Lors du recensement de 1906 neuf personnes habitent Montaragou. La métairie qui appartient à M. Limousis est exploitée par trois familles. Jean Baptiste Utéza est le régisseur. Lin Utéza est le métayer. Jean Utéza et Jean Delpech sont ouvriers agricoles. | |
En 1911 la population est de 11 personnes. La ferme est partagée entre quatre métayers : Jean Baptiste Utéza, Lin Utéza, Clément Fonquernie, Jean Delpech. Les trois premiers sont originaires du Pays de Sault. Lors du recensement de 1921 la ferme de Montaragou n'a plus d'habitants. | |
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LA LEGENDE DE LA FONTAINE DE LA ROSE | |
Dans les années 1950 j'ai entendu maintes fois cette légende racontée par Yvonne Alabert et mon père Noël Faure. | |
Les faits se passent dans une époque
bien lointaine au pied du château de Montaragou. C'était au temps des premiers chrétiens. Carcassonne et Toulouse les avaient accueillis. Ici au pied des montagnes ils étaient peu nombreux. Ils avaient construit pour se réunir une cabane du coté de la Bouiche. Ce sera plus tard l'église de Saint Pierre. La région était possédé par des seigneurs païens. Un de ceux ci détenait le château de Montaragou. C'était un guerrier toujours en chevauchée qui avait deux passions, la guerre et la chasse. Il avait pour épouse une dame qui était aussi bonne que lui violent. Il l'avait prise dans une famille du pays. Lui il venait de la race des nouveaux maîtres qui avaient conquis la Région. La châtelaine avait été séduite par la religion des premiers chrétiens. Sa servante la suivait dans cette foi. Elle aimait surtout visiter les pauvres. Quand son mari était parti avec son cheval et son faucon, elle courrait avec sa servante porter quelques provisions aux plus misérables. Elle savait que le châtelain, tout à sa passion des chevauchées, ne rentrait qu'à la dernière heure du jour, juste avant que le soleil se cache. Elle se méfiait beaucoup de son époux. Il n'aurait pas admis ses fréquentations et ses aumônes. Aussi, elle évitait de partir trop loin. Par commodité, elle donnait rendez vous à ses protégés prés d'une fontaine qui était à mi-hauteur de la colline. Certains disent qu'elle était en descendant vers Ennaude ou Sibra, d'autres la voient proche de l'ancien village de Montaragou. Un jour, toutes deux, châtelaine et servante, étaient parties porter à leurs pauvres des miches de pain cachées dans leur "délantal". Voilà que le seigneur de Montaragou arrive de vers l'Hers, à grand galop. Surpris, il s'arrête à leur hauteur. Il leur demande ce qu'elle font là, à cette heure, hors du logis. La châtelaine en tremblant réponds. Elle improvise un pieux mensonge. Elles sont venu cueillir les roses qui sont en fleur auprès de la fontaine. Méfiant et passablement en colère, de la pointe de son épée, il ouvre leur tablier qu'il pensait dissimuler quelque chose. Miracle, c'est des fleurs parfumées qui s'échappent de leurs tabliers. Le pain a été transformé en roses. La fontaine de la rose est maintenant perdue, cachée dans les broussailles et les taillis. Le lieu dit "le bois de la rose" reste le seul témoin muet de cette vieille légende oubliée. |
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Cette légende se transmettait à la veillée au coin du feu, d'aïeules à petits enfants. Il se constituait une chaîne de mémoire qui courrait de générations en générations. Noël Faure (1911-2000)<Marie-Anne Planet (1841-1931)<Bernard Planet (1763-1868)<Jeanne Alguier(1720.?)<Marie Ricoune(1683-1727). Tous ont vécu à moins de deux kilomètre du château en ruine. Ils fréquentaient, étant souvent alliés, les gens des villages ou hameaux de Montaragou, La Bouiche, Malematte, Ennaude, avec qui ils avaient en commun un fonds d'histoires merveilleuses ou extraordinaires. | |
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SOURCES | |
(1) - Recueil des chartes de l’Abbaye de La Grasse, Magnou-Nortier Elisabeth, Tome 1 – Acte N°54 p91. (6) - Histoire Générale du Languedoc, Dom Vic & Vaissette, Tome V Preuves
162, c344 -346. Testament de Roger I comte de Carcassonne, vers 1002 : Et dono
ad ipsum Raimundum ipsa convenentia
de comitatu Redense,
quae ega habeo cum fratre meo Odone comite & cum filio
suo Arnaldo, remaneat ad te Ramundo ipsa convenentia, quae ego habeo cum fratre
meo Odone & filio meo Arnaldo, de Cairocurbo cum Cairocurbense,...(Kercorb
et Kercorbes sont compris dans la part de Raimond, fils aîné de Roger 1er dit Le
Vieux) (11) - Histoire Générale du Languedoc, Dom Vic & Vaissette, Tome V
Preuves 202, c 408. Serment et hommage de Roger 1er de Foix à Pierre évêque de
Girone son oncle. Vers 1034. De ista horo in antea, no decebro ego
Rodger, filius garsen, te Petrone episcopo ....neque ipso castello quen vocant
Cheircorb, neque ipsas turres, quae ibisunt & in antea ibi erunt factas.... (20) - Acte 537 - 1816 Maître Clavel à Chalabre. Bernard Douce cultivateur domicilié à son domaine de Montaragou commune de Camon reçoit un pret de 759 francs de Joseph Abadie meunier à Chalabre. (21) - Reconnaissance de la communauté de de Tréziers
en 1759. Archives de la Mairie de Tréziers. |
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ISSN : 1626-0139
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mail
to : Robert Faure 09/12/2012 |