La Maison haute ou Maison du prieur
&
le Duc de Montmorency

 


 
    "Dans une vieille maison aux étages en saillie, aux fenêtres en croisillons on prétend qu'en 1632 après sa défaite de Castelnaudary par les troupes royales, le duc Henri de Montmorency aurait trouvé refuge jusqu'au jour où il aurait été livré à Richelieu qui lui fit trancher la tête à Toulouse (Ce serait une légende)"(1)La maison haute...la légende dit que le duc de Montmorency s'y serait réfugié avant d'être arrêté et exécuté à Toulouse. (2)  

 

HENRI II DE MONTMORENCY

 

Le duc Henri II de Montmorency ( maréchal et grand amiral ) était  gouverneur de la Province de Languedoc. Il avait succédé dans cette charge à son père et à son grand père.
L'Edit de Nantes promulgué le 15 avril 1598 par Henri IV avait permis de mettre fin à plus de trente années de guerres religieuses qui avaient ensanglanté le Royaume. En Languedoc il fut accueilli avec grande satisfaction. Il accordait la liberté de culte aux protestants dans tous les lieux où il existait en 1157. Ils leur donnait en outre des places de sûreté, Montpellier, Aygues Mortes. Les troubles s'apaisèrent

Le 14 mai 1610 le bon Roi Henri IV est assassiné par Ravaillac. Les protestants qui se jugent menacés se regroupent derrière le Duc de Rohan et reprennent la lutte. En 1622 Louis XIII pour arrêter les combats en Languedoc signe la Paix de Montpellier qui confirme les dispositions de l'Edit de Nantes.
Au delà de l'intérêt des protestant le duc de Rohan cherchait à satisfaire son ambition purement politique. Richelieu va se dresser devant lui. Après avoir pris La Rochelle au terme d'un siége qui frappa durement les réformés il vint soumettre le Languedoc. Privas fut pris et saccagé, Ales se rendit. L'édit de grâce d'Ales (27 juin 1629) retira aux protestants leurs privilèges politiques et leur places de sûreté. Le Roi à les mains libres pour lutter contre les protestants.
 

En 1630 Gaston d'Orléans, le propre frère du Roi Louis XIII, tente d'organiser un soulèvement général du royaume. Henri de Montmorency, influencé par la reine Marie de Médicis, malgré les mises en garde de Richelieu, le soutient .
Il espère entraîner toute la province derrière lui Les Etats du Languedoc le suivent, car Richelieu à tenté de leur enlever le droit de voter l'impôt.
Le 22 juillet 1632 la province de Languedoc se sépare du Royaume de France. Une partie de la petite noblesse suit Montmorency dans la rébellion. Restent fidèles au Roi : Toulouse, et les protestants. Carcassonne et Narbonne refusent d'accueillir les armées des rebelles qui ont fait jonction. Elles vont parcourir le Languedoc sans but précis.

Une armée royale s'est mise en route commandé par le maréchal de Schomberg. Les deux armées vont se rencontrer le 1er septembre 1632. Schomberg dispose de 2000 à 2500 hommes. Les insurgés ne peuvent lui opposer que seulement 1200 à 1500 nobles peu entraînés au combat. (3)

 

  COMBAT DE CASTELNAUDARY - LE DUC DE MONTMORENCY EST FAIT PRISONNIER
mercredi 1er septembre 1632

Le maréchal de Schomberg disposa son armée dans une pièce labourée entourée de larges fossés et chemins creux à un quart de lieue de Castelnaudary. Il mit la cavalerie au centre, l'infanterie aux deux ailes. Les deux armées étaient séparées par le modeste ruisseau du Fresquel.
Une fois son dispositif bien en place le maréchal envoya une troupe de mousquetaires escarmoucher les troupes de Montmorency. Le résultat fut immédiat. Le duc de Montmorency  partit en contre attaque
Après avoir passé le Fresquel sur un pont de brique il parut à la tête de l'avant garde avec deux cents gentilshommes Il ne portait qu'un simple corps de cuirasse. Il montait un cheval gris pommelé couvert de plumes incarnats, bleu et isabelle.
Il reçoit un premier coup de feu à la gorge, qui le met en fureur. Il entre dans la mêlée jusqu'au septième rang à travers une grêle de coups de mousquets. Il reçoit deux balles de pistolet, qui entrent par la bouche, lui percent la joue droite, lui rompant quelques dents. Son cheval tombe raide mort.
Il fut désarmé par deux sergents. Il lui retirèrent la cuirasse. Bouteiller alla à Castelnaudary faire préparer un logis. Saint Martin chargea le Duc sur ses épaules et le porta dans une métairie à mi chemin de Castelnaudary. Le duc, après avoir été confessé dans la métairie par l'aumônier du maréchal de Schomberg, fut pansé par le chirurgien de la compagnie des chevaux légers du Roi Il trouva qu'il avait reçu dix sept blessures Il qui banda les plaies de la tête et du col, après quoi le Duc fur porté à Castelnaudary sur une échelle où on avait mis son ais, de la paille et plusieurs manteaux. Il était escorté par six gens d'armes de la compagnie du Roi envoyés par le maréchal de Schomberg (4)

Le maréchal de Schomberg n'osa pas laisser le duc de Montmorency à Castelnaudary. Ce n'était pas une place sure. Il quitta la ville le 05 septembre et le conduisit lui même au château de Lectoure dont le maréchal de Roquelaure était gouverneur. Il posta aux environs huit cornettes de cavalerie pour la sûreté du prisonnier (5)

Lettre de Schomberg à Richelieu (04/09/1632)
relative aux blessures de Montmorency et aux pertes de ses troupes

...Monsieur de Montmorency ne mourra pas de ses blessures et que mon dit seigneur duc d'Orléans séjourne encore à trois lieues d'ici avec son armée...

H.G.L T12 Preuves C1816 pièce 1632

Lettre de Schomberg à Richelieu (07/09/1632)

...Je crois Monseigneur que vous approuverez la résolution que j'ai prise touchant Monsieur de Montmorency, et espère que vous me ferez bientôt savoir les résolutions du Roy sur ce que je dois en faire...

H.G.L T12 Preuves C1820 pièce 547

 

 

Le Roi en personne se déplaça pour punir les révoltés. Il réglementa la tenue de Etats. Ils se réunirent désormais la plus part du temps à Montpellier. Ils ne pouvait plus désormais discuter de l'impôt
Henri de Montmorency fut envoyé devant le Parlement de Toulouse présidé par le garde des sceaux. Sur ordre de Richelieu le parlement le condamna à mort. Le duc fut décapité dans la cour de l'hôtel de ville le samedi 30 octobre 1632.
 

Exécution du Duc de Montmorency à Toulouse

UNE LEGENDE

On le voit la présence de Henri de Montmorency à Camon, lors de son arrestation, appartient à la légende. Toutefois il n'est pas impossible  que le gouverneur de Languedoc ait séjourné ici.
Le personnage du duc Henry de Montmorency, dans l'imaginaire occitan, appartient tout comme des vicomtes Roger et Raimond Trencavel ou du chevalier Pierre Roger de Mirepoix au Panthéon des champions de la cause languedocienne. Le peuple lui était reconnaissant de chercher, en continuité avec la politique du Roi Henri IV, de préserver la paix civile en tolérant les deux cultes, protestant et catholique. Lorsqu'il est entraîné par Gaston d'Orléans dans cette aventure guerrière, beaucoup ont vu dans son opposition à Louis XIII une tentative de création d'un Languedoc indépendant. C'était bien sur un mirage.
Cela en fit pour longtemps un héros populaire. C'était un honneur de l'avoir approché un jour.
 

SOURCES

(1) Raymond Escholier, Mes Pyrénées, Arthaud, 1962
(2) Histoire et patrimoine en Pays de Mirepoix, Communauté de communes de Mirepoix et de la vallée moyenne de l'Hers,Camon page 144, 1999
(3) L'Aude de la préhistoire à nos jours, sous la direction de Jacques Crémadeils - Jean Rives
(4) Dom Devic & Vaissette, Histoire Générale de Languedoc, T112 LII p1069
(5) Dom Devic & Vaissette, Histoire Générale de Languedoc, T112 LIII
 

ISSN : 1626-0139
16/12/2004

Retour page d'accueil

Retour plan du site

mail to : Robert Faure