LAGARDE |
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MOSSIEU
FRANCES DE LEVIS |
Monsieur François de
Lévis |
Le château de Lagarde (Ariège) ruiné depuis la Révolution
Française appartenait à la famille de Lévis-Mirepoix. Elle le possédait pour
l'avoir reçu de Simon de Monfort. Il était jadis désigné sous le nom de
Lagarde de Mirepoix Le chef de la croisade contre les Albigeois l'avait donné à Guy de Lévis, son fidèle lieutenant, avec de nombreux autres fiefs. Auparavant il appartenait au seigneur de Lordat qui le tenait du Roi d'Aragon. Il devait être dans la mouvance du Pays de Queille. C'était alors un ouvrage modeste. C'est François de Lévis 1er, petit-fils de Guy de Lévis le croisé, qui l'ayant reçu en héritage, entreprit les premiers travaux pour en faire sa demeure. Il revint dans la branche principale de la famille de Lévis en 1371. |
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![]() On connaît peu de chose du premier château de Lagarde. Il faisait partie, probablement, du pays de Queille, l'ancienne viguerie de Colia. On admet généralement que ce petit pays était séparée du Quercorb ou Kercorb par la rivière de l'Hers. Lagarde qui avait une position intéressante pour surveiller cette vallée fut un fief du comte de Barcelone devenu Roi d'Aragon. Le 29 décembre 1197 il cède le château à Guillaume de Lordat.(1) |
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![]() Parmi les biens attribués à Guy de Lévis par Simon de Montfort le village de Lagarde, "Villam de Garda", et son château. Le chef des croisés en distribuant des terres à ses lieutenants avait ignoré la complexité des droits et l'imbrication des seigneuries dans la région. L'Eglise, ici le prieuré de Camon, détenait de nombreuses terres et fiefs dont on la dépouillait ,comble du paradoxe, au nom de la Croisade. Le prieur de Lagrasse dont dépendait le monastère protesta vivement. Un accord fut trouvé à Carcassonne le 10 août 1215. Le village de Lagarde avec ses habitants et tout son territoire furent adjugé à Guy de Lévis: "Nos igitur visis & auditis & diligenter consiseratis .. villam de Garda cum homonibus & pertinenciis suis ... Guidoni de Livias, marescalo domini comitis Montisfortis, sine aliqua retentione asjudicamus, ita tamen ut predicta omnia a jamdicto monasterio in feudum dominus comes teneat Montisfortis". Il fut mis comme condition qu'il le tiendrait en fief de Camon. Lors de ce même accord Sibra, tout proche, fut restitué au monastère.(2) |
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![]() Après le décès de Guy de Lévis III dit Guyot, fils du maréchal des croisés et d'Isabelle de Marly, la Terre de Mirepoix est partagée entre ses enfants selon la coutume de Paris. Le couple avait eut douze enfants. Seulement six concoururent au partage. L'aîné Jean reçu le château et la seigneurie de Mirepoix. A François, qui est le sixième, échurent Lagarde et son castel ainsi que la Bastide de Bousignac, le Cazal des Bayles, une part de Roumengoux et une quinzaine d'autres localités avec leurs châteaux. Parmi celles ci, Montségur, son pog et sa montagne.(3) Il fonde la branche Lévis-Lagarde-Montségur qui se déploiera sur seulement deux générations. Il choisira de s'installer à Lagarde avec son épouse Elips de Lautrec. A partir de la vieille battisse il édifièrent un château fort. De cette époque datent la porte fortifiée et le gros oeuvre des tours carrées. Tout cela fut bien sur modifié par la suite. Une pierre portera gravée la date de 1320 pour témoigner de ces travaux. Lors de la démolition de Lagarde pendant de la Révolution cette pierre sera sauvée et amenée au château de Léran, où elle sera encastrée dans le mur au dessus de la porte donnant accès à la bibliothèque.(4) François 1er de Lévis prit le titre de Seigneur de Lagarde et de Montségur. En tant que seigneur de Montségur il se réservait le droit d'agréer le titulaire de la cure de ce village. De nombreuses contestations, notamment sur les limites des terres, empêchèrent les deux branches de Lévis de vivre en paix. Un projet permettant le retour des biens des Lévis Lagarde Montségur vers le tronc originel Lévis-Mirepoix fut établi. On obtint une dispense du pape Clément VI, accordée "afin de rétablie la paix dans la maison de Lévis", pour marier des cousins. Elips de Lévis, fille de François II de Lévis baron de Lagarde et Montségur et de Soubirane d'Aure, âgée de 19 ans, est unie à Jean de Lévis de la branche Lévis-Mirepoix. Le contrat de mariage prévoyait qu'au cas ou son frère Pierre décéderait elle recevrait tous ses biens. Il mourut célibataire sans descendance. Lagarde et Montségur revinrent dans le giron de Mirepoix. |
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![]() Le château fut d'abord modifié au XVI° siècle. Jean V de Lévis, chambellan du Roi, lieutenant général du Languedoc, le transforme et l'agrandit dans l'esprit de la Renaissance. Des bâtiments vinrent encadrer sur trois cotés la cour intérieure. Un escalier remarquable est construit. |
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Le grand escalier reliait les différents niveaux
dont la chapelle.
Il fut construit par un certain Jehan Moyen en 1526. Il fut payé
quarante livres l'année. Les maçons eux touchaient quatre sous deux
deniers par jour. Les marches furent arrachées après la Révolution. On a raconté que nombre d'entre elles se trouveraient dans le village formant des seuils de porte ou des linteaux de fenêtre.(5) De nos jours il ne subsiste qu'une tourelle ronde. A l'intérieur on peut admirer une élégante voûte étoilée.
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C'est dans la
première moitié du XVII° siècle que furent entrepris une nouvelle étape de
constructions et d'embellissements qui devait transformer le château fort en
palais. Louise de Roquelaure, veuve en 1637 d'Alexandre de
Lévis-Mirepoix mort au siége de
Leucate, fait de Lagarde un "petit Versailles". On élargit les fenêtres et
on ajoute des balustrades de pierre taillée, qui comme de la dentelle
dissimulent les toits et courent le long des doubles enceintes. |
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La branche Lévis-Mirepoix s'éteint avec Gaston Pierre Charles de Lévis Mirepoix. Il s'était illustré dans les armées du Roi et avait reçu le titre de Duc en 1751. N'ayant pas de descendance Lagarde et la seigneurie de Mirepoix passent dans les mains de son neveu Louis Marie François Gaston de la branche Lévis-Léran. Ce dernier apportera les dernières modification à Lagarde dans le goût de XVIIIéme siècle. | |
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![]() Au début du vingtième siècle les ruines appartiennent à Charles Vigarozy sénateur de l'Ariège. Elles furent rachetées par la suite par la famille de Lévis. Elles ont été cédées il y a quelque temps à un association qui s'est donné pour but de sauvegarder les ruines et de les valoriser. |
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Château de Lagarde vers 1940 |
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Les ruines du château de Lagarde ont été classées monument historique en 1889. | |
SOURCES (1) - Pasquier Félix, Cartulaire de Mirepoix, Privat, 1921,
T.1, P.23 |
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mail
to : Robert Faure 21/03/2012
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