LA GARDE NATIONALE DE TREZIERS
1830 - 1848

puce ORIGINES
La Garde Nationale naquit des gardes bourgeoises de l'Ancien Régime. Celle de Paris eut un rôle de premier plan lors de la Révolution Française. Au lendemain de la prise de la Bastille La Fayette proposa d'appeler l'ensemble des forces qui s'étaient jointes à la garde bourgeoise qu'il commandait Garde Nationale. Le 10 aout 1789 L'Assemblée Constituante adopte un décret confiant le maintien de l'ordre aux seules municipalités : "sur leur simple réquisition les milices nationales,la maréchaussée seront accompagnées des troupes pour poursuivre et arrêter les perturbateurs publics..." Plus tard l'Assemblée Constituante, par les Lois du 29 septembre 1790 organisa la Garde Nationale dans les départements sur le modèle parisien.
Le service, dans la garde Nationale, était à proprement parler un impôt payé en nature. Il pesait indistinctement sur tous les citoyens en état d'y participer. Ceux qui ne pouvaient accomplir ce service, ou ne répondaient pas à l'appel lors des convocations, étaient obligés de payer un homme qui les remplacerait.
Après le 18 brumaire la Garde Nationale fut dissoute. Elle devait réapparaître  à la chute de l'Empire après le départ de Napoléon Bonaparte.
 
puce L'UNIFORME
Dés 1789 l'
uniforme du garde national associe les trois couleurs de la médaille révolutionnaire. L'habit était de couleur bleu avec passepoil et collet écarlate. Le gilet et la culotte étaient blancs. Le bicorne noir orné de la cocarde tricolore. L'armement se composait d'un sabre etr d'un fusil avec une baïonnette.
 
puce LES TROIS GLORIEUSES ET LA NOUVELLE GARDE NATIONALE
A la mort de Louis XVII, en 1824, son frère le comte d'Artois devient Roi sous le nom de Charles X. Avec lui, c'est  l'ultraroyalisme qui veut imposer son pouvoir. La cocarde blanche remplace la tricolore. Néanmoins, aux élections de 1828 les libéraux l'emportent. Faisant fi du suffrage populaire, contre la volonté des députés, Charles X, promulgue quatre ordonnances. Il veut museler la presse, modifier la loi électorale à son avantage, dissoudre la Chambre...
Dans la nuit du 27 au 28 juillet le peuple de Paris se soulève, dépave les rues. Le 28 les barricades s'élèvent, une partie de la troupe rejoint les insurgés. Les citoyens qui avaient conservé leurs uniformes de  la Garde Nationale les revêtent. Autour d'eux le peuple se rassemble. Bientôt l'Hôtel de Ville, le Louvre, le Palais Royal, le Tuileries sont en leur pouvoir. Le général Lafayette, revêtu de son vieil uniforme aux trois couleurs, prit le commandement de cette armée de citoyens. (1)
Le duc d'Orléans fut appelé par les libéraux d'Adolphe Thiers pour devenir, non le Roi de France, mais le Roi des Français. La monarchie de Juillet était née.

 

 
puce LA MUNICIPALITÉ DE TREZIERS EN 1830
Le 19 septembre 1830 le conseil municipal de Tréziers prête serment.
Pierre Maillenc Espert, agé de trente trois ans, est maire. Il est propriétaire du château de Tréziers. C'est un royaliste de la première heure. Un portrait du Roi figurait depuis le retour de la monarchie en 1815 en bonne place dans son salon.
L'adjoint au maire est Jean Louis Tournier. Âgé de 37 ans, il exerce la profession de cordonnier. Sa maison se trouve au N°7 de l'actuelle rue de Chalabre. Ses initiales, JLT, restent gravées sur le linteau de la porte d'entrée.
Louis Benet, âgé de trente sept ans, cordonnier habite au N°8 rue de Chalabre.
Bernard Planet, âgé de soixante sept ans est le doyen du conseil. Cultivateur il réside au hameau de l'Espagnol. Il est aussi garde au château chargé de la surveillance des terres pour le compte de Maillenc Espert.
Barthélemy Clavel, cinquante six ans, est maréchal ferrant. Républicain, il habite une maison de l'actuelle place de La Bourdette.
Jean Baptiste Fabre, quarante trois ans, ést cultivateur. Il habite à l'actuel 4 rue de La Serre.
Jean Malvieille, quarante six ans, est cultivateur. Il habite à l'actuel 12 rue de Chalabre.
Augustin Bloy, soixante trois ans est tisseur de toile. Il habite une petite maison, maintenant devenue une grange ou remise, au 13 rue du château.
François Costes, cinquante et un ans est tisseur de toile et cultivateur. Il réside rue du château au N°18, la dernière maison avant l'église...
Le conseiller Jean Carrié est absent car démissionnaire.
En 1830, la commune de Tréziers ne possède pas de mairie. Le maire conserve à son domicile les documents officiels, les registres et tous les papiers nécessaires au fonctionnement de la municipalité. Il avait fait construire par le menuisier du village une armoire réservée à cet usage. Le conseil municipal se réunissait chez lui. Le dimanche 19 septembre 1830 les conseillers sont présents dans la grande salle du château. Chacun, à tour de rôle, prononçe le serment  :  Je jure fidélité au Roi des Français, obéissance à la charte constitutionnelle et aux lois du Royaume.

Le dimanche suivant, 24 octobre, le maire Pierre Maillenc Espert se rendit devant la porte principale de l'église. Il afficha la Charte constitutionnelle et la lut aux habitants.
 
puce ORGANISATION ET RÔLE DE LA GARDE NATIONALE
La Garde Nationale est organisée par la Loi du 22 mars 1831. Elle est instituée pour défendre la royauté constitutionnelle, la charte et les droits, pour maintenir l’obéissance aux lois, conserver ou rétablir l’ordre et la paix publique, seconder l’armée de ligne…Les gardes nationales sont organisées dans tout le royaume, elles le seront par commune…
Les Français appelés au service de la Garde nationale seront inscrits dans un registre établi dans chaque commune. A cet effet, des listes de recensement seront dressées par le maire et révisées par le conseil de recensement. Le conseil municipal présidé par le maire remplit les fonctions de conseil de recensement. Au mois de janvier de chaque année a lieu l’inscription des jeunes entrés dans leur vingtième année

Tous les citoyens âgés de 20 à 60 ans sont donc appelés au service de la garde nationale dans leur lieu de domicile réel. Ce service est obligatoire et personnel. Le remplacement est interdit si ce n’est entre proches parents, le père par le fils, le frère par le frère, l’oncle par le neveu et réciproquement ainsi que par alliés au même degré.
Il y a deux services : l'ordinaire et la réserve.
Le service ordinaire comprends tous les citoyens que le conseil municipal juge pouvoir concourir. Ne peuvent être portés sur le contrôle du service ordinaire que les citoyens imposés à la contribution personnelle et leurs enfants. Le contrôle de réserve comprends tous ceux pour lequel les services habituels seraient une charge trop onéreuse.
Dans les communes rurales, les gardes nationaux de la même commune forment une ou plusieurs compagnies ou subdivision de compagnie. La force ordinaire d’une compagnie est de 60 à 200 hommes. Dans ce cas, elle a un capitaine et un sergent major. Au dessous de 50 la commune a une subdivision de compagnie. A Tréziers en 1831 le service ordinaire comprenait quarante citoyens. Ils formaient une subdivision. De trente à quarante hommes, on avait un lieutenant, un sous lieutenant, trois sergents, quatre caporaux, un tambour.
Dans chaque commune appelée à former un compagnie les gardes nationaux se réunissaient sans arme sans uniforme pour procéder en présence du président du conseil municipal et de deux membres les plus âgés à l'élection de leurs officiers. Elle se faisait au scrutin individuel et secret à la majorité absolue (la moitié plus un des suffrages des votants) Pour les sous officiers et caporaux à la majorité relative (le plus grand nombre de voix). Les officiers et sous officiers sont élus pour trois ans. Si les officiers au bout de deux mois ne s'étaient pas armés, équipés et habillés ils étaient considérés comme démissionnaires.  Une ordonnance royale fixait la composition dee l’uniforme. Les signes distinctifs des grades étaient ceux de l’armée.
Le nombre d’arme reçu dans chaque municipalité était contrôlé au moyen d’états émargés. Les armes étaient poinçonnées et numérotées. L’entretien courant était à la charge du garde.

 Le règlement relatif au service ordinaire, aux revues et aux exercices, était arrêté par le maire sur proposition du commandant de la garde nationale approuvée par le sous préfet. Les dépenses de la garde nationale étaient votées réglées et surveillées comme toutes les autres dépenses municipales.
Les dépenses ordinaires de la garde nationale étaient : les frais d’achat des drapeaux des tambours et trompettes,  une partie des frais d’entretien des armes,  les frais de registre et frais administratifs. Les dépenses extraordinaires : l’habillement et la solde des tambours et trompettes. Le conseil municipal se prononçait sur la nécessité de ces dépenses.

La garde nationale devait former détachement dans les cas suivants :
En cas d’insuffisance de la gendarmerie ou des troupes de ligne elle fournissait le nombre d’hommes nécessaires pour escorter les fonds les effets appartenant à l’état, pour la conduite des accusés, des condamnés et autres prisonniers. Elle devait intervenir aussi  pour porter secours aux communes qui seraient menacées par des émeutes, des séditions, voleurs, brigands et autres malfaiteurs. Lorsque le détachement était supérieur à 24 heures les gardes nationaux touchaient la solde comme les troupes de ligne.

 
puce MISE EN PLACE DE LA GARDE NATIONALE A TREZIERS
Le 22 mai 1831 le maire Maillenc Espert convoque les conseillers pour vérifier le tableau de recrutement de la Garde Nationale. Le document a été préparé par le Maire. Des conseillers sont en opposition avec cette démarche. Ils demandent que soient inscrits au tableau de recensement, Pierre Maillenc Espert le maire, Jean Louis Tournier son adjoint, Pierre Delsol le curé, Barthélemy Arnaud qui avait été condamné pour vol. Ensuite ils demandent que conformément à la Loi ces quatre personnes soient rayées de la liste. Enfin ils font porter au tableau Antoine Bez habitant de l'Espagnol qu'ils jugeaient apte à y entrer.

Le jeudi 13 juin le maire organise une réunion où sont fixés les effectifs de la Garde Nationale. Le service ordinaire est composé de quarante citoyens. Cela permettait de former une subdivision de compagnie. Il y aurait un lieutenant, un sous lieutenant, deux sergents et quatre caporaux.
Le dimanche 19 juin 1831 les hommes composant la subdivision sont convoqués dans la grande salle du château pour élire leurs officier. Conformément à la Loi l'élection se fait en la présence du maire et des deux conseillers les plus âgés. Les résultats de cette élection n'a pas été portée dans les registres municipaux.
 
 
puce

LA IIe RÉPUBLIQUE
Le 22 et 23 février 1848 à Paris des manifestations de l’opposition contre la politique conduite par Guizot  dégénèrent, la troupe tire sur le peuple faisant 52 victimes. Louis Philippe abdique. Le principe du suffrage universel est adopté.

05 MAI 1848 : éLECTIONS MUNICIPALES A TREZIERS
Le 05 mai 1848 les citoyens de Tréziers élisent les membres de la commission provisoire administrative de la commune de Tréziers. Chaque citoyen a écrit ou fait écrire son bulletin et l'a déposé dans une boite. Il y a vingt trois votants. Sont élus :  Louis Cazal avec 15 voix, Jean Bonnery 7voix, Joseph Benet 6 voix, Jean Louis Fabre 5 voix, Bernard Luga 4 voix. Ayant recueilli le plus grand nombre de suffrages Louis Cazal est proclamé président de la commission provisoire administrative de la commune. Un deuxième tour à lieu pour élire le second membre de la commission. Bernard Luga est élu.

14 MAI 1848 : LA GARDE NATIONALE éLIT SES OFFICIERS
Le 14 mai 1848 les gardes nationaux du service ordinaire, formant une subdivision de compagnie du Centre de la Garde Nationale de Tréziers, sont convoqué pour l'élection de leur officier, sous officier et caporaux. A cet effet, quarante six citoyens ont été inscrits sur l'état nominatif dressé par le Conseil de recensement. La réunion se tient sans armes, sans uniformes, en présence de Louis Cazal, maire, président du Conseil de recensement, assisté de Joseph Bénet et de Gabriel Faure scrutateurs. Elle a pour but de procéder, dans les termes de la loi du 22 mars 1831, à l'élection de leur officier, sous officiers, caporaux. L'élection à lieu au scrutin individuel et secret, à la majorité absolue. A l'appel, vingt six votants sont présents
Sont élus :

Lieutenant
:
Marc Viguier (24 voix), Jean Bloy (2 voix). Marc Viguier est élu Il est originaire de Saint Benoit, Il est marié à Françoise Sérié fille de Jean Baptiste Sérié. Ce dernier serait mort suite une bastonnade à L’Argaril (1831)

Sous Lieutenant
:
Jean Bloy Jean âgé de 42 ans, tisserand, (22 voix) est élu, Sérié Jean Bernard, 29 ans, menuisier , beau frère de Marc Viguier. Il obtient 4 voix.

Sergents (3)
:
Jacques Rolland, dit neveu, âge de 32 ans, tisserand, appariteur, obtient 12 voix
Pierre Paul Sérié, âgé de 25 ans, cultivateur, beau frère de Marc Viguier obtient 6 voix
Antoine Cazal, originaire d’Hounoux ?, 8 voix

Caporaux (6)
:
Joseph Carrie, 35 ans, cultivateur, 20 voix
Gabriel Faure, 47 ans, cultivateur, 19 voix
Pierre Deumié, 35 ans, maréchal ferrant, 18 voix, (gendre de Calvel, républicain), 18 voix
Gabriel Douce, 29 ans, tisserand de toile, 17 voix
Louis Tadieux, 37 ans, cultivateur, 15 voix.
Pierre Carrié, 26 ans, cultivateur de l’Espagnol, 14 voix

 


SOURCES :
(1) Histoire complète de la Garde Nationale, Ch. Comte, Philippe libraire, 1831
(2) De l'organisation de la Garde Nationale, M de Larue

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09/04/2007