DIABLERIES A MONTARAGOU

Montaragou

 

Récit de Noël Faure, 85 ans, le 19 octobre 1996 à Tréziers. Il relate des événements pouvant être situés entre les années 1858 et 1863.

Si j'ai appris des choses c'est de ma grand-mère. Tout ce que je sais…..

La famille du père de ma grand-mère est venue s'installer à l'Espagnol. Avant, (vers 1850) ils étaient à la métairie de  Jourdi près de Montjardin. Ils n'étaient pas chez eux. La propriété appartenait au duc de Lévis Mirepoix, je crois. Ils travaillaient en fermage.

Il y avait un troupeau. L'aînée, avec ma grand-mère (Marie Anne Planet), elle était bien petite, gardait les moutons. Entre les deux il y avait un garçon. "Penso te" ils n'allaient pas à l'école. Il y avait des loups à l'époque. La ferme était entourée de forets. Un jour un loup est arrivé et a emporté un agneau. Comme toutes les femmes de cette époque elle avait une coiffe. Alors, elle s'est arraché la coiffe. Elle a couru derrière avec le chien. Le loup apeuré a laissé tombé l'agneau. Elle a eu de la chance. Ma grand-mère me l'a raconté plus d'une fois. Je ne sais, pas quel âge elle avait (environ 10 ans)

La famille avait bien du mal à vivre. Alors son père a réfléchi. Il y avait un petit bien en vente à l'Espagnol. Il l'a acheté. Ils sont venus s'installer là.

Le garçon était mort (Justin) L'aînée le faisait suivre dans les champs. Il a pris mal. A l'époque lorsque tu attrapais une congestion on ne pouvait rien... Le petit est mort. A l'Espagnol ils possédaient aussi un troupeau. Ils vivaient là dessus.

Ma grand-mère eut l'âge de se marier. En ce temps-là, les filles ne sortaient pas. Les occasions de rencontrer un garçon étaient… Il y avait la fête ...
Il y avait surtout les veillées. Ma grand-mère avait dans les vingt ans. Les jeunes hommes faisaient des visites d'un village à un autre. Il y en avait un de Camon qui venait la voir.

A l'époque le château de Montaragou était hanté. Il a été hanté longtemps. C'était l'époque... En ce temps là, sous Montaragou, il y avait une ferme. Il y a encore aujourd'hui les ruines, des pierres dans les ronces. Tout de suite après il y avait la métairie du Barbier et un peu plus haut une fontaine. Du côté du midi, les terrains appartenaient au Barbier. De l'autre coté, à l'est du château cela appartenait a la ferme de Montaragou.
Elle me la répété plusieurs fois ma grand-mère quand j'étais jeune. Elle m'a dit : "je me suis marié avec Louis, mais j'étais pour me marier avec un de Camon. C'était presque décidé. On était d'accord."
Voila ce qui a cassé le mariage: Le jeune homme de Camon pour venir me voir à l'Espagnol passait au Barbier et à la fontaine. Il suivait le chemin de terre qui passait au Barbier, à la Bouiche, puis coupait vers l'Espagnol. Un soir, il partait à tombée de nuit, quand il a été en vue du Barbier... Quand il arrive en face la ferme de Montaragou... Je répète ce que m'a raconté ma grand-mère. En face de la ferme qui est en hauteur il y avait alors un pré proche du chemin, avec un passage. D'habitude,  les bœufs de la ferme étaient là a manger  au pré. Il arrive, il voit les deux bœufs, "saï pas si éron negres ou blancs" qui étaient arrêtés immobiles l'un à côté de l'autre et leur joug par terre. C'est ce que me dit ma grand-mère! Il voit le joug par terre. Il connaissait bien le patron des bêtes. Il se dit : "me que fan aquels biaux" qu'est ce qu'ils font. Ce n'est pas possible. Pour les joindre on prenait le premier bœuf, on lui posait le joug. Il était habitué et restait la tête baissée. Moi je l'ai fait quand j'avais des bêtes. Ensuite on allait chercher l'autre et on le mettait au joug. Le joug était par terre et les bœufs étaient là devant, semblaient attendre. Il se dit il est arrivé quelque chose …Leur maître les a oubliés… Et si je faisait comme lui. Je vais essayer de les joindre. Il en attrape un, il lui met le joug dessus. Soit disant... Moi je ne l'ai pas vu. Il met le joug dessus. Quand tu avais lâché le joug, le bœuf se baissait, il touchait presque par terre avec la tète. Il faisait comme ça. Ensuite tu allais chercher l'autre. Il faut bien sur que les bœufs soient habitués à attendre comme ça, qu'ils soient dressés. "Alabes", le jeune homme va chercher l'autre bœuf. Quand il s'apprête à lui mettre le joug sur la tête, pour ensuite le ficeler avec les courroies, tout d'un coup, plus de bœufs, un éclair. C'est possible, c'est pas possible. 

En tout cas, c'était un jeune homme extraordinaire, me disait ma grand-mère. Elle n'était pas bête, ma grand-mère, Pas de "couillonade". Alors le galant estomaqué : "Me que m'arribo, es pas poussible". Il s'en est venu à la veillée, au lieu de rentrer chez lui à Camon. Il est venu chez nous à l'Espagnol. Quand il est arrivé, il n'était pas dans son aplomb. Ils lui ont demandé, qu'est ce qu'il avait. Alors, il a tout raconté à la famille. Le chantre, le père, l'écoutait, la mère aussi, il y avait les filles. Quand il a eut fini, ma grand-mère lui a dit, écoute ce n'est pas la peine que tu reviennes. Il n'est plus revenu.

Après elle s'est mariée avec Louis mon grand-père. Enfin, d'après les racontars, il y a eut des choses qui ce sont passé à Montaragou. Le château était hanté. Barthélemy te le dirait s'il était en vie. Il le tenait lui de son grand-père.

FAMILLES DE LA FERME DE MONTARAGOU VERS 1860

ISSN : 1626-0139
11/01/2016

 

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Récit de Noël Faure, 85 ans, le 19 octobre 1996 à Tréziers. Il relate des événements pouvant être situés entre les années 1858 et 1863.



 




ISSN : 1626-0139
02/10/2001

 

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