LA "FETE" DU COCHON

Souvenirs de la vie de Tréziers dans les années 1950. Récit de Mimi Fabre
 

L'année scolaire est ponctuée de petits événements qui l'agrémentent. Aujourd'hui, c'est la  fête, on tue le cochon !

Même si je vais en classe ce jour-là, je ne perds rien du drame qui se joue. Tôt le matin, B. arrive avec divers ustensiles et surtout son grand couteau. On a installé, près de la "sout" où le cochon ne se doute de rien, la grande "mostadora" de bois qui sert habituellement à écraser les raisins après la vendange. C'est l'heure du sacrifice. Plusieurs hommes joignent leurs efforts pour extraire l'animal hurlant de son habitacle ; ses cris stridents déchirent les tympans. Enfin on réussit à l'allonger et à le maintenir immobile… ou presque. Le bourreau plante son coutelas à un endroit bien précis et maman recueille le sang qui jaillit dans une grande marmite, en le remuant sans arrêt pour éviter qu'il se coagule. C'est qu'il servira à fabriquer le boudin que l'on mange une seule fois dans l'année, à cette occasion. La bête morte, on la met dans la "mostadora" préalablement remplie d'eau bouillante pour faciliter sa toilette : on brosse énergiquement, on rase, on rince,… et le miracle s'accomplit : c'est incroyable comme c'est rose un cochon, quand c'est propre ! On peut maintenant le suspendre par les pattes arrières à une grosse poutre pour le dépecer. 

La salle à manger a changé de physionomie. On a installé de longues tables sur tréteaux autour desquelles les femmes s'activent : celles de la maison plus quelques voisines venues prêter main forte. Comme pour le dépiquage, tout le monde s'entraide. Les hommes découpent de gros quartiers que les femmes transforment en jambons, saucisse et saucissons, pâtés, boudins… On garde un morceau de choix pour l'institutrice, un autre pour Monsieur le Curé et on se régale, seulement ces jours-là, avec quelques "tastets" de saucisse et un peu de "carbonade" sur le gril. Pour moi, c'est la fête !

 

Texte de Mimi Fabre


ISSN : 1626-0139
25/12/2003

Retour Page Témoignages
Retour page d'accueil
Retour plan du site

Mail to : Robert Faure