SAINT GAUDERIC

 


Saint Gaudéric (ou Gaudérique ) est fêté le 16 octobre. Il était très populaire dans le diocèse de Mirepoix ( Sau Gaoudric ) et encore plus en pays Catalan où il était vénéré sous le vocable de San Galdric.
Fête le 16 octobre
Il naquit dans le village de Viéville, aujourd’hui Saint Gaudéric situé entre Mirepoix et Fanjeaux. Sa date de naissance est estimée entre 820 et 840.


Il n’existe pas de documents anciens, authentifiés, sur la vie de ce saint. Selon les pères bénédictins rédacteurs de " La vie des Saints et des Bienheureux " les récits qui sont parvenus jusqu'à nous sont du domaine de la légende.
Le plus ancien connu serait un antique manuscrit composé par les moines de Saint Martin du Canigou plusieurs siècles après sa mort. Il a disparu lors de la Révolution de 1789. Les Bréviaires de Pamiers, Mirepoix , Elne et Saint Papoul, ont beaucoup fait pour perpétuer son souvenir. La tradition orale, qui vivait encore il ya peu dans les familles, se nourrissait des paroles des curés donnant en exemple la sainteté du laboureur Gaudéric.
 

Eglise du village de Saint Gaudéric (Aude)

 
LA VIE DE SAINT GAUDERIC - TEMOIGNAGES DE SAINTETE
 
Gaudéric ou Gaudérique vivait au 9éme siècle dans le village de Viéville. Avec ses deux frères et un domestique il cultivait, en indivision, une terre reçue en héritage. Cette mise en commun du travail et des récoltes est  portée en exergue par ses hagiographes : "Gaudérique ne voulut jamais qu'il fut question avec ses frères du tien et du mien"
 
C’était surtout un homme réputé pour sa piété. Tous les jours il se rendait à l'église de Viéville. Il respectait le repos dominical et toutes les fêtes religieuses. Avant de commencer son travail il se signait. En toute occasion il remerciait Dieu.
 
LE MIRACLE DE L'AIRE
Il avait l'amour des pauvres. La porte de sa maison restait ouverte pour les pèlerins et les pauvres.
Le premier des miracles qui fit sa renommée se produisit un jour d'aout. Le temps était venu de dépiquer le blé.  Les gerbes de blé avait été amené sur l'aire. Cet espace de terre battue était soigneusement préparé. Les gerbes déliées étaient étendues. Les hommes tapaient avec des fléau afin de détacher les grains. A l'aide de fourches et de râteaux on enlevait ensuite les pailles. Gauderic ses frères et le domestique étaient là de bon matin. Après avoir prié le genoux à terre ils se mirent au travail. A midi ils avaient bien avancé. Au milieu de l'aire une épaisse couche de froment chauffait au soleil. Après le repas et s'être accordé une heure de repos le battage reprit. Mais bientôt au Cers des nuages menaçant envahissait le ciel. Un orage soudain éclatait. Déjà de grosses gouttes de pluie mêlées de grêlons tombait su Vieville. Il était impossible de mettre à l'abris les gerbes déja sur l'aire. Des torrents de pluie allaient emporter les grains qui recouvraient le sol. Gaudéric pensait à la récolte perdu, à l'hiver de disette qui s'annonçait.."Lorsque les pauvres, les pèlerins, les errants frapperont à la porte de la maison, la huche sera vide"
Gaudéric se précipite au devant de l'orage ses mains suppliant Dieu.
On vit alors les nuées de l'orage se partager en deux avant d'arriver sur l'aire pour se rejoindre plus loin. L'aire resta parfaitement séche. Partout ailleurs dans le voisinage c'était la désolation des récoltes saccagées.
 
LE MIRACLE DE L'ANGELUS
Gaudéric avait une dévotion toute particulière à la Vierge, mère de Jésus. Il fleurissait avec les fleurs des champs les petites statue de la Vierge du village. Dés que tintait au clocher de Viéville l'Angélus on le voyait s'agenouiller et prier Marie. Ce "reflexe" était bien connu du voisinage.
Un jour raconte-t-on un jeune sacristain un brin farceur voulut lui jouer un tour. Le ruisseau dit des Fontasses,  d'ordinaire à sec ou mince filet d'eau, avait été grossi par la pluie tombée sur les hauteurs. Gaudéric sa journée de travail terminée rendrait chez lui. Il cheminait devant ses bœufs tout en méditant. Sa route le conduisait à traverser le ruisseau à gué. Depuis le clocher, le sacristain attendit qu'il soit engagé dans le flot d'eau pour actionner la cloche. Aussitôt voilà le laboureur à genoux, les main jointes, indifférent à son environnement.
Miracle, l'eau qui baignait ses pied s'écoule vers l'aval tandis que celle venant de l'amont s'arrête le temps de la prière. Le sacristain, émerveillé par ce prodige, se chargea de raconter dans toute la contrée ce nouveau miracle
 
LA MORT DE GAUDERIC
Quelques jours avant sa mort en l’an 900. Gaudéric eut un songe prémonitoire. Un ange venait vers lui tenant un guirlande de fleurs. Il précédait la Sainte Vierge avec l'enfant Jésus dans ses bras. Il tenait un diadème de lys et de roses qu'il déposa sur son front.
Tout le village de Viéville, ainsi que de nombreux habitants des pays de Mirepoix et de Fanjeaux se pressèrent devant sa dépouille. Il fut enterré dans le cimetière touchant l'église paroissiale. Rien ne distinguait cette tombe des autres. Cependant elle devint rapidement un lieu de pèlerinage populaire, hors du contrôle des autorités religieuses.
Des guérisons de malades s'y multiplièrent. Une sorte d'oratoire fut édifié au dessus de la tombe. A la longue le clergé devant tous ces témoignages et la ferveur des visiteurs de plus en plus nombreux informa l'évêque de Toulouse
 
MIRACLE DE LA SOURCE - RECONNAISSANCE DE LA SAINTETE DE GAUDERIC
L'évêque de Toulouse Raymond (987-1010)  issu de la famille des comtes de Toulouse (3)qui les écouta avec bienveillance.  Il attendit que soit organisé un concile. Ce serait celui tenu à Narbonne en l'an 990 (2) présidé par Ermengard archevêque.
Escorté de son clergé il fit étape à Vieville pour recueillir les ossements de la tombe de Gaudéric. ils furent placés dans une chasse richement ornée.
L'année 960 une sécheresse terrible sévit sur la région. A Narbonne à proximité de la basilique Saint Paul la Robine n'était qu'un mince filet d'eau. Les feuilles des arbres desséchés jonchait le sol. L'eau était devenu rare.
Les évêques du concile décidèrent de s'installer hors des murs dans une foret. Les porteurs des chasses contenant les précieuses reliques plantèrent dans la terre les fourches servant de trépieds.
Dans le carré des toulousains, au pied du reliquaire de Gaudéric, soudain une source jaillit. Ce miracle mit le clergé en émoi. Les habitants de la citée et des villages accoururent voir se prodige. La sainteté de Gaudéric  fut alors établie et reconnue.
 
RETOUR A VIEVILLE
Les reliques, de retour au village natal, furent placées dans un sarcophage de marbre dans l'église paroissiale. Vieville prit le nom de Saint Gaudéric.
Le tombeau devint vite un lieu de culte fréquenté. De tout la région l'on venaient demander l'aide du Saint. Les offrandes affluaient. Les habitants du village firent édifier une palissade pour protéger le sanctuaire.
 

Cathédrale Saint Maurice de Mirepoix - Autel Saint Gaudéric

UNE PERIODE TROUBLE
En cette fin du X° siècle  dans les territoires du piémont pyrénéen  l'insécurité était grande. Rançons, pillages, désolaient le pays. Trois frères, les Taillefer, faisaient régner la terreur. A Saint Gaudéric les dons accumulés dans le sanctuaire depuis des décennies excitèrent leur convoitise. Deux des frères accompagnés de leurs hommes d'arme prirent le village, enfoncèrent la porte de l'église sans difficulté. Il s'emparèrent des offrandes et objets de valeur.
Ils ne devaient pas profiter de leur forfait, le partage du butin, sur place, dégénéra en une sauvage bataille rangée. Saisis de rage, ils s'entretuèrent tous dans le sanctuaire. Le troisième de la fratrie mourut peu après de la lèpre.
 
DES RELIQUES A SAINT MARTIN DU CANIGOU
Une centaine de kilomètres au sud-est du village de Saint Gaudéric, dans le pays de Conflent, l'Abbaye de Saint Martin du Canigou venait d'être créée en l'an 1014  par le Guifred comte de Cerdagne et de Conflent.
Pour un monastère, en ces temps lointains, la possession de reliques était un grand avantage. Elles attiraient les croyants qui accouraient les honorer. Aussi le père Abbé Selva chercha t-il le moyen d'en doter son monastère.
La renommée des miracles de Saint Gaudéric était parvenue jusque dans sa vallée. Il fit le projet d'en posséder quelques reliques.
En 1014, deux moines accompagnés d'homme d'arme de Corneilla de Conflent, fournis par le Comte Guifred, partirent incognito pour de Saint Gaudéric avec la mission de dérober de quoi satisfaire l'Abbé. Sous l'apparence de pèlerins ils entrèrent l'église pour repérer les moyens de commettre leur larcin. Ils revinrent la nuit tombée, s'introduisirent sans peine jusqu'au tombeau du saint. Malgré leurs efforts ils n'arrivaient pas à déplacer le couvercle que sarcophage.
Alors à genoux les moines implorèrent : "Glorieux Saint-Gaudéric, nous sommes ici, non pas pour voler et disperser vos ossements, mais  pour les porter en un lieu où les plus grands honneurs leur seront rendus. Ici, vous êtes seul dans une église misérable. Là-bas, vous entendrez toujours la prière des moines et les vœux de tout un peuple. Qu’il nous soit permis d’emporter au moins une partie de vos saints ossements ! "
La prière terminée, le tombeau put être ouvert sans difficulté. Les moines prélevèrent environ le tiers des ossements. Il y avait une parcelle du crâne, un bras et une jambe complets ainsi qu'une partie du thorax (2) Dans la nuit, à la hâte, il reprirent la route pour Saint Martin du Canigou.
 
TRANSLATION DES RELIQUES A MIREPOIX
Le rapt d'une partie des reliques de Saint Gaudéric fut rapidement connu. Devant la faiblesse des défenses de l'église de Saint Gaudéric, qui avait rendu cet acte possible, il convenait de les mettre à l'abri dans une ville proche. Mirepoix et Fanjeaux ce disputèrent cet honneur. Il semblait impossible de départager les deux cités situés à égale distance. Un sage proposa, alors de s'en remettre à la volonté de Dieu. Chaque paroisse devait amener un génisse. Elles seraient attelées ensemble à une charrette sur laquelle seraient disposées les Reliques. La où iraient les vaches serait volonté de Dieu. Ainsi fut fait, un 18 juillet. L'attelage prit la route qui descendait vers Mirepoix. L'église de Mirepoix accueilli dans la joie les reliques de Saint Gaudéric.
La ville de Mirepoix fut reconstruite après l'inondation catastrophique de 1279. Une nouvelle église placée sous le vocable de Saint Maurice fut édifiée à partir de 1298. Elle deviendra cathédrale en 1317 .
 
SAINT GAUDERIC A MIREPOIX
Dans la nouvelle cathédrale Saint Maurice les reliques de Saint Gaudéric semblent avoir eu une place de choix.
En 1497 au début de l'épiscopat de Philippe de Lévis elles sont dans une chasse en argent.
 
Le 13 mai 1667 l'évêque de Mirepoix, Louis de Lévis-Ventadour remet à la cathédrale de Mirepoix une relique de Saint Gaudéric. Il s'agit d'un os du bras enfermé dans un reliquaire en argent (1)
 
En 1678 Charles Pierre de Lévis, le deuxième fils du marquis de Mirepoix  tombe gravement malade à Paris.
Son père Gaston Jean-Baptiste de Lévis 1er par ses prières implore Saint Gaudéric, saint du terroir de Mirepoix, de demander à Dieu la guérison de son enfant.. Il fait le vœu d'embellir la chapelle du saint dans la cathédrale de Mirepoix. Le "miracle" eut lieu.
Le marquis reconnaissant envoya le capitaine de ses gardes, le sieur Chauvin, prendre contact avec le Chapitre qui gérait les affaires de la cathédrale. Il était présidé par l'évêque, son parent, Hercule de Lévis Ventadour. Son projet fut accepté. Mais il tarda à être réalisé. Ce n'est qu'en 1701 que des fonds sont remis à la confrérie de la chapelle. Le vicaire général, curé de Mirepoix, Sabatié, fait exécuter un retable et divers ornements par Joseph Poisson maître sculpteur de Limoux.

 


 

Ce tableau,  dans la chapelle Saint Gaudéric de la cathédrale Saint Maurice de Mirepoix, est un portrait en pied de Saint Gaudéric. Elle est signé du peintre Cazebat. Le saint est présenté en habits de paysan du XVIIIème siècle.
A ses pieds on aperçoit un "bios", instrument composé d'un manche terminé par une partie métallique, utilisée pour travailler la terre.
Plus souvent ,Saint Gaudéric est représenté avec une gerbe de blé et une "reille", ancêtre du soc de la charrue.

A l'arrière plan on y devine l'église de Mirepoix vers laquelle se dirige une charrette portant un cercueil tirée par une paire de bœufs  Elle est conduite par un ange.
Ce cortège  funèbre se réfère à la translation des reliques du saint un 18 juillet depuis son village natal de  Viéville jusqu'à l'église de Mirepoix.
Au début du 18eme siècle le tombeau et les reliques de Saint Gaudéric sont reconnus comme la partie la plus remarquable de la cathédrale (6)

 
LE CULTE DE SAINT GAUDERIQUE OU GALDRIC EN PAYS CATALAN
A leur arrivée en pays de Conflent les précieuses reliques furent accueillies dans la joie par le comte de Cerdagne Guifred, son épouse Guilsa et les moines de Saint Martin du Canigou. C'est en procession avec toute la population des environs que le reliques entrèrent dans le monastère. Bientôt les malheureux, aveugles, sourds, muets, indigents de toute sortent accoururent en quête de guérison.
Le premier miracle rapporté intervint en 1015. Cette année là une terrible sécheresse désolait le pays. Allons au nouveau Saint apporté par nos Comtes au Monastère du Canigou. Il fut agriculteur comme nous, il s’apitoiera sur notre sort !  (5) L'abbé Silva écouta cette demande. Il accepta que l'on emmène les reliques à Prades pour organiser des processions. La pluie tant désirée, arriva et tomba en abondance
Deux ou trois ans après, nouvelle sécheresse, à nouveau la chasse du Saint est descendue dans la plaine. Des processions sont organisées avec une foule immense. La pluie aussitôt revient. Lors de ces manifestations d'autres miracles sont rapportés, guérisons d'aveugles, de sourds...
 
RELIQUES DE SAINT GAUDERIC
Les moines de Saint Martin du Canigou avaient emporté seulement le tiers des reliques de Saint Gaudéric. Le reste était resté au sanctuaire. On connait la translation des reliques un 18 juillet sur Mirepoix. Il semble que cela n'ai concerné qu'une partie des reliques. Une partie pourrait être restée sur place. Une autre partie remis à l'évêque de Toulouse.
 
FANJEAUX

Reliques de Saint Gaudéric remises par sa paroisse natale à Fanjeaux.

Ce reliquaire est en argent en partie vermillé. Il date de 1541 Il a été exécuté par Pierre de Lezat, orfèvre de Toulouse.  La relique est authentifiée par un cachet de cire. Il provient de l'église de Saint-Gaudéric. Classé au titre des Monuments Historiques en 1993 (4)
 

SAINT LAURENT DE LA SALANQUE
Dans l'église paroissiale Saint-Vincent on peut voir une statue reliquaire en peint. Le socle comporte une monstrance contenant des reliques (19e siècle )
 
SAINT FELIU D'AMONT
L'église possède un buste reliquaire en bois peint, doré, avec épis de blé et feuilles de chêne. La relique (aujourd'hui disparue) était au sommet du crâne. Sur la poitrine, le nom du sculpteur et la date de réalisation de l'œuvre. Ce reliquaire est l'œuvre du sculpteur François Boher n" à Villefranche en 1769.
 
RIVESALTES
On peut voir une  statuette reliquaire de Saint Gaudérique en bois peint. Le socle rectangulaire de la statue est creusé d'un médaillon qui contient des Reliques de Saint Gaudérique. (début 19e siécle)
 
SOURCES UTILISEES:

Vie des Saints et Bienheureux RP PP Bénédictins, Letouzey, Paris, 1959.
De l'admirable et mutuel amour d'un saint et d'un peuple depuis mille ans. Saint Gaudérique et son culte en Roussillon, abbé M. Jampy, Perpignan,1928.(2)

Trésor de Notre Dame des Miracles à Mauriac, abbé Chabau, Evreux, 1892
Les Amis de Saint Martin (du Canigou) 2012 (5)
Saint Galdric Bulletin Paroissial N°12, Reinald Dedies, Perpignan, 2011
Histoire d'une cathédrale Saint Maurice de Mirepoix, Gratien Leblanc, Hotel dAssezat, Toulouse, 1975 (1)
Ministére de la Culture et du Patrimoine Base MH (4)
Voyage littéraire de deux religieux de la congrégation de Saint Maur, DomMartene et Dom Durand, 1717, Paris
Les évêques de Toulouse (III°-XIV° siècle, Patrice Caba, M.S.A.M.F (3)
La vie de saint Gualdric, abbé Casamajor, Librairie Saint Martory, Perpignan, 1869

 

 

ISSN : 1626-0139
 

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Mail to : Robert Faure

30/01/2013