proprietaires du chateau de treziers

PIERRE JEAN MAILLENC ESPERT


Pierre Jean Maillenc Expert après la mort de son père adoptif se trouva à la tête du château de Tréziers. Rapidement il s’employa à s’affirmer, au-delà de sa position de gros propriétaire foncier, comme patron du village. Prétendant que son père avait été l’acquéreur de la totalité des biens que la famille Lévis possédait à Tréziers, il revendiqua la propriété des anciens vacants et des communaux. Il entra en lutte avec la municipalité dirigée par le maire Etienne Clavel, maréchal-ferrant de son état. Il réussit à convertir à ses vues quelques conseillers en leur offrant des avantages ou du travail. Ainsi embaucha t-il Bernard Planet comme garde particulier.
Déterminé à arriver à ses fins il se fit élire maire. Avec  les nouveaux conseillers qui lui étaient acquis, ses intérêts ne seront jamais oubliés. Il restera onze ans à la Mairie de Tréziers. En grand propriétaire foncier il laisse à son fermier le soin d’exploiter le domaine du le château.
Il réside de plus souvent à Gruissan. Pour ce qui est de la gestion municipale, il délègue le plus souvent à ses adjoints, d’abord Jean Marie Tournier (1826), ensuite Jean Bonaventure Bonnéry (1835. Finalement le 6 mars 1837 il démissionne pour se retirer définitivement à Gruissan.
Le 03 juin 1866 François Camp capitaine au long cours se présente à la mairie de Gruissan pour déclarer le décès de Pierre Maillenc Espert qui est de son voisin.
 

LA FAMILLE DEUMIE

 

Par testament écrit de sa main daté du vendredi 18 août 1865, Pierre Maillenc Espert lègue ses biens aux enfants de Pierre Deumié et à Elodie Delpech née Carrié. La famille Deumié qui est nombreuse, six enfants,  vient s’installer au château. Georges est ingénieur des mines. Osmin est clerc de notaire. Elie, qui étudie la médecine s’installera plus tard comme chirurgien à Toulouse. Raymond  sera pharmacien à Mirepoix. Louis Napoléon travaillera dans la banque. Il sera escompteur à Tarascon. Marius élève de l’école d’agriculture de Grignan sera agronome.

Est ce pour payer les études de leurs enfants, ou bien à cause d’investissements malheureux pour moderniser l’exploitation des terres du château, les Deumié se sont endettés. Les revenus du domaine étant insuffisants, ils ont été contraints à emprunter. Bientôt ils ne sont plus en mesure de rembourser.

 
JULES BOSC


Le lundi 25 juillet 1887 le château de Tréziers et ses terres qui comprennent la métairie d’Autajou sont vendus aux enchères au Tribunal Civil de Limoux.
L’acquéreur est M. Jules Rémy Bosc de Peyrefitte du Razés. Il débourse soixante quatre mille francs. Il s’installe avec sa fille Joséphine Hélène Bosc au château. L’ancien propriétaire Pierre Deumié doit quitter les lieux. Il va se loger dans une petite maison, maintenant démolie, qui se trouvait face à la rampe d’accès à la « hiére » du château.

Les anciens du village se souviennent de M. Bosc et de sa fille. M. Faure Noël parle d’un vieux monsieur, avec une canne, qui empêchait tout accès au château et au chemin de l’Horte. Mme Henriette Malvieille l’a également bien connu quand elle était enfant. C’était un notable. Au nouvel an comme le voulait la coutume les enfants faisaient le tour des maisons du village. Ils recevaient une piécette ou une gâterie. Moussu  Bosc les accueillait dans un cérémonial immuable. Il s’installait derrière une petite table, à l’entrée du couloir des appartements. Au fonds il y avait une statue dans une niche. A chacun il donnait un sous. Mais il y mettait une condition, il fallait  lui réciter la formule rituelle : « bouno annado et bouno festo, bouno besto »
 

Jules Bosc avait, lui aussi, emprunté pour acquérir le château. Le rapport du domaine ne suffisait pas à amortir la dette. Après le décès de son principal créancier la situation s’aggrave. Deux préteurs exigent d’être remboursés sans délai. Le domaine est une nouvelle fois mise en vente.  Le mardi 06 janvier 1914 une enchère par autorité de justice a lieu au Tribunal Civil de Limoux. Elle motivée par la poursuite en expropriation suite à la requête présentée par Baptiste Agoustenc de Cépie.

Venant au secours de Jules Bosc, sa fille Hélène, in extremis trouva un financement et la caution nécessaire. Le château lui fut attribué pour cinquante neuf mille francs.

Cette vente permit de régler qu’une partie de la dette. Elle apura seulement les frais de dépends, les frais de procédure de Baptiste Agoustenc et Jules Gleize. Restaient quarante deux mille sept cent soixante six francs en passif. Quatre ans plus tard Melle Bosc doit se résoudre elle aussi à vendre. Elle exerçait le métier de courtage et de vente du vin. Elle s’approvisionnait dans les zones de production, le pays bas disait-on, et revendait à Mirepoix et sa région. En faisant jouer ses relations dans le commerce elle va trouver un preneur pour le château.     

 

MARIUS MAUX

 

C’est M. Marius Maux négociant en vins, marié à Louise Roujol, résidant à Béziers, qui se porta acquéreur. La vente eut lieu le samedi 26 janvier 1918 pour la somme de soixante dix mille francs.

Il restera propriétaire du domaine du château, qu’il fait exploiter par un fermier, pendant six ans. Mais lui aussi sera très vite contraint à s’en séparer. Afin d’en tirer le meilleur prix il entreprendras de démembrer les terres de la propriété. Dans ce but le vendredi 9 octobre 1922 en l’étude de Maître Escarguel à Carcassonne il donne tout pouvoir à M. Beer résidant boulevard des Batignoles à Paris pour vendre ses biens de Tréziers, soit à l’amiable soit aux enchères.

De nombreux agriculteurs et petits propriétaires de Tréziers vont profiter de l’occasion pour agrandir leur patrimoine. Mon grand père Germain Faure acheta quatre hectares dans la plaine de l’Hers.

 

DERNIERS PROPRIETAIRES    

 

Dans les années qui vont suivre le domaine, comme un mistigri, passe de main en main.

En 1925 Albert Elie Arcizet, industriel à Pouzies, détient le château qui compte soixante treize hectares de terres.

En 1928 c’est Mme Goys de Mézac de Corneilla del Vercol (Pyrenées Orientales) qui en est propriétaire. Elle épouse Henri Jonquiéres d’Oriola.

Après la guerre de nouveaux patrons s’y succèdent de plus en plus rapidement : de Mariens, Roujol, Meertz. Le démembrement se poursuivit  tout au long de ces décennies. Aujourd’hui il ne reste plus rien du domaine du château et de la seigneurie de Tréziers.

 

ISSN : 1626-0139

 

02/08/2009


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