les cloches de saint martin de treziers
L'EGLISE PAROISSIALE
 

 

L'église et le cimetière de Saint-Martin de Tréziers furent implantés à la limite ouest du village de Tréziers. Le lieu, un faux plat sur la croupe de la colline, fut certainement choisi avec soin afin de satisfaire les deux communautés, Tréziers et le Cazal des Faure, qui réunies constituaient la paroisse. L’église fut bâtie aux portes de la première et à seulement un quart d'heure de marche de la seconde.

La disposition de la construction tint compte, c’est évident, des exigences des deux communautés. Elle fut bâtie au bourg de Tréziers. Pourtant elle paraissait tourner le dos au village. Elle s’ouvrait  vers le Cazal des Faures. En cela elle se conformait à la tradition qui voulait que le chœur recevant l'autel soit placé du coté de l’orient, donc coté Tréziers. Néanmoins certains aménagements ne s'expliquent que par le poids donné aux demandes de la communauté du Cazal. Ainsi le logement du desservant appelé « la capélanie » contre toute logique était adossé à la façade ouest, à l'opposé du village. C'est l'endroit le plus exposé aux vents de Cers et aux averses de l'hiver. En toute logique elle aurait du se trouver au plus près des habitations de Tréziers contre le choeur et par là, bien plus à l’abri des frimas. L’avantage décisif de cette implantation, était d’être visible du Cazal. La capélanie originelle fut d’ailleurs abandonnée par les recteurs qui préférèrent habiter dans le village.

Le clocher était lui aussi coté ouest afin de favoriser la diffusion du son des cloches vers le Cazal. L'entrée principale de l'église protégée par un vaste porche s’ouvrait aussi à l’opposé du village de Tréziers, vers le chemin du Cazal. Une petite porte coté nord est donnait un accès direct au cimetière.

Le bâtiment était rustique, construit comme une grange. Le toit était assez bas. Il était soutenu par des fermes apparentes en bois


 

LES CLOCHES

 

Avant la Révolution l'église Saint-Martin de Tréziers possédait deux cloches qui pesaient ensemble douze quintaux. Elles étaient installées dans un clocher à deux baies qui couronnait la façade ouest. Ce clocher ou plutôt clocheton dont la mairie conserve un croquis exécuté en 1901 était rustique. Trois piliers maçonnés sans prétention, alignés en haut du pignon, soutenaient une barre horizontale à laquelle étaient suspendues les cloches. On trouve son pendant à l’église de Caudeval.

Le curé de Tréziers, Pierre Monyer, les avait baptisées le 22 mars 1704. Il a consigné cette cérémonie dans le registre des baptêmes de la paroisse.

La plus grande avait pour parrain le sieur Trinchant coseigneur de Tréziers et pour marraine son épouse. La plus petite avait pour parrain François Germa le meunier du moulin neuf. La marraine était Peyroune Izard la femme d'Antoine Carrié le Bayle de Tréziers. Les deux communautés de Tréziers et du Cazal des Faures étaient ainsi  étroitement liées dans cet événement.

 

Lors de la tourmente révolutionnaire les cloches furent réquisitionnées afin d’être fondues.Une petite cloche les remplacera. Lorsqu’on la sonnait son timbre était si faible qu’une grande partie des habitants du village se plaignait de ne pas l'entendre, surtout par vent d’Autan. Il fallait que le Cers souffle et l’accompagne pour qu’on distingue ses tintements au-delà du quartier de Lhoumet.

Une horloge activait les cloches pour sonner les heures. Lors d’une des premières réunions du conseil général de la commune de Tréziers, le 6 brumaire an IX,  il est voté neuf francs pour son entretien.  En 1838 il est octroyé six francs à titre de salaire à « celui qui remonte l'horloge » et prévu six francs pour l'entretien.

Le 12 mai 1844 une réunion extraordinaire du conseil municipal, auxquels se sont joints les onze habitants les plus imposés de la commune, est consacrée à l'horloge. Le maire Hyacinthe Marquié rapporte : « qu'elle ne va pas bien depuis quelques temps. Les habitants désirent beaucoup qu'elle soit réparée, le plus promptement possible, afin de faire cesser cette privation qu'ils ont de savoir l'heure qu'il est lorsqu'il en ont besoin » Il l'avait fait examiner par un homme de l'art. Celui-ci estime qu'elle a besoin d’une réparation majeure. Elle est en très mauvais état. Il faudrait y consacrer au moins deux cents francs.

 

La même année, peu après l’horloge, c'est la cloche qui se fêle. Le maire convoque à nouveau les conseillers. C’est le 23 juin. Il expose qu'elle ne peut « presque plus servir » Il propose de mettre en place un impôt sur quatre ans pour récolter huit cents francs. Avec cet argent on pourrait choisir, soit acheter une horloge neuve, soit de remplacer la cloche hors d’usage. Cette proposition laissant l’initiative aux conseillers va amorcer des querelles. Les uns voulaient une cloche neuve, les autres préféraient une horloge en état de marche. Quelques uns allèrent même jusqu’à contester l’à propos de la dépense. Le Maire, Hyacinthe Marquié, qui avait mis un point d’honneur à réparer la cloche va démissionner.

 

Au printemps 1999 M. Laffont artisan maçon de Chalabre lors d’une intervention sur la toiture de l'église a relevé les inscriptions gravées dans le bronze des deux cloches.

Sur la plus grande, qui mesure 0,85 mètres et pèse environ trois cents kilogrammes, il est indiqué : Maire Bonnéry, Bénet adjoint, Pierre Delsol curé de la paroisse, marraine Marie Anne Fabre, l'an 1845 par Martin fondeur à Foix, refaite sous le règne de Napoléon.

 

1 - Maire Bonnéry : Nous n'avons trouvé de Bonnéry qu'au poste d'adjoint.  Il faut donc comprendre maire adjoint. Dans les comptes rendus du conseil municipal de cette époque, souvent l’adjoint signe : « Maire de Tréziers suppléant » Jean Bonaventure Bonnéry, charpentier et  menuisier de son état, reçut le 06 mars 1837 du maire Pierre Maillenc Espert la délégation de tous ses pouvoirs. En octobre lorsqu’il fallut remplacer Maillenc Espert démissionnaire il ne fut pas élu à la tête de la commune. Le conseiller Etienne Calvel, forgeron de son état, eut le plus de voix. Mais ce fut Hyacinthe Marquié qui fut choisi comme maire. Bonnéry conserva le poste d'adjoint. Lorsque en 1845 Marquié démissionne, Bonnéry va à nouveau assurer brièvement l'intérim, le temps qu'un nouveau maire Joseph Benet soit nommé le 26 octobre 1845. L'année suivante lors du renouvellement triennal du Conseil Municipal, Bonnéry recueillera seize voix sur vingt, Benet quinze voix. En dépit de cela, c'est Benet qui est confirmé dans sa fonction de maire.

 

2 - Bénet Adjoint. Joseph Benet était tailleur d'habits. Il était âgé de cinquante deux ans. Il entra au Conseil Municipal en 1835 (dix sept voix) à l'occasion du renouvellement triennal. Il fut réélu en 1840 (seize voix), en 1843 (dix-sept voix) puis en 1846 (seize voix). Il fut nommé maire le 26 octobre 1846. La curieuse mention « adjoint » reflète peut être les souhaits du conseil municipal. Bonnery aurait été préféré comme maire, mais l'autorité préfectorale aurait imposé Benet.

 

3 - Marraine Marie Anne Fabre : Pour l'état civil, Marianne. Elle est née le 2 novembre 1833 d'Elisabeth Delpoux et Jean Louis Fabre. Elle a douze ans. Son père sera maire en 1871.

 

4 - Refaite sous le règne de Napoléon. Cette mention peut être interprétée de deux façons. Soit l'on se réfère à Napoléon 1er Empereur des Français de 1804 à 1814 et l'on signifie que c'est sous son règne que l'on remplaça une première fois la cloche enlevée sous la Révolution, laquelle se serait fêlée. Ou bien l’on se réfère à Napoléon III élu Président de la République le 10 décembre 1848. Il rétablit l'Empire de 1852 à 1870. Dans ce cas la cloche livrée en 1845 se serait fêlée comme la précédente et aurait du être fondue à nouveau. Nous ne trouvons pas trace de cet incident dans les délibérations du conseil municipal.

 

La cloche la plus petite qui mesure 0,76 mètres et pèse environ deux cent soixante kilogrammes porte gravée la dédicace suivante : A vous Marie conçue sans pêché priez pour nous. Parrain Antoine Girbas. Marraine Marie Antoinette Raulet Ricou. Fondue à Tréziers et bénie par Monsieur Delsol curé le 23 février 1846. Saint Martin priez pour nous. Martin fondeur à Foix

 

1 - Parrain Antoine Girbas : Antoine Girbas est l'aïeul de la famille Girbas du hameau de Couchardy dans la commune du Cazal de Faures. Antoine était un pieux bienfaiteur de l'église. Il léguera par testament en 1860 une somme de quatre cents francs à l'église nouvellement construite à Moulin Neuf.

 

2 - Marraine Antoinette Raulet Ricou : La famille Raulet habite à Moulin Neuf qui est alors seulemenr un hameau de la commune du Cazal des Faures. Ils sont forgerons. François Raulet puis son fils Jacques seront maires de la commune du Cazal des Faures. Jean Jacques Raulet sera maire de Tréziers en 1860.

 

3 - Fondue à Tréziers et bénie par Monsieur Delsol curé le 23 février 1846

 

Maintenant le clocher dispose de deux cloches. Cependant l'horloge est toujours hors service. Il faudra attendre 1848 pour que M. Raynaud horloger à Chalabre la répare. Le Conseil Municipal du 04 avril 1848 reconnaît lui devoir cent francs représentant le solde de son intervention.

 
 

ISSN : 1626-0139

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03/08/2009