origine du chateau de treziers

LA FIN DU CHÂTEAU

 
En 1980 le château de Tréziers va être ravagé par un incendie.
 

En cette fin de siècle le bâtiment est en très mauvais état. Une partie de la toiture, du coté du levant, s’est a moitié effondrée. Néanmoins les murs sont encore solides. Avec ses deux tourelles, qui témoignent d’une noble origine, il a toujours fière allure. L’affaissement d’une petite fraction du toit n’empêche pas qu’une bonne partie des appartements demeure habitable. L’intervention d’un artisan pourrait encore sauver le château.

 

Le fermier M. Berdagues occupe quelques pièces du rez-de-chaussée. Il se plaint régulièrement à son propriétaire M. Meertz de la venue d’eau qui s’infiltre lorsqu’il fait mauvais temps. On lui promet d’intervenir.
Depuis quelques mois M. Meertz  a mis à la disposition de M. Huisman, artiste peintre, la grande salle du premier étage. Les deux grandes baies à meneaux laissent entrer la lumière à flot. La vue est imprenable sur les Pyrénées.

 


 

Le vendredi 18 janvier 1980 Tréziers est sous la neige. La journée a été belle mais froide. Dans la nuit les voisins du château, Louis et Lucien Costes, sont réveillés. Des crépitements et bruits sourds emplissent la nuit. Le château est en flamme.

Lorsque le jour se lève, le désastre apparaît derrière la fumée. Le feu a ravagé la partie sud, ne laissant que les murs, quelques planchers en bois et quelques pans de toiture. Seules au nord et à l’ouest, la bergerie et les granges ont été épargnées. Dans la journée les habitants du village, incrédules et consternés, viennent se rendre compte.

L’Indépendant titre : L’incendie du château de Tréziers, tout le village aurait pu y passer. Avec beau coup de lyrisme le correspondant du journal écrit : « Dans la campagne profondément enneigée surgit une image venue tout droit du temps des guerres de religion. Comme si des soldats déchaînés achevaient à peine de mettre la contrée à feu et à sang. Le château de Tréziers n’est plus qu’un pitoyable amas de ruines éventrées, noircies, encore chaudes et fumantes » Il ajoute : « Il eut suffit d’un peu de vent, il eut suffit que les toits des maisons soient secs pour que les morceaux de bois enflammés qui éclataient un peu partout ne propagent l’incendie… » 

Pendant un an les ruines vont rester en l’état. Le propriétaire promet à la municipalité de les mettre en sécurité. Au cours des mois qui suivent le temps et les intempéries font leur œuvre déstabilisant chaque jour un peu plus les décombres.

Mercredi 23 janvier 1981, il est vingt deux heures, un grondement sourd alerte le voisinage. L’angle sud ouest du château s’est abattu vers la place de Loumet. Dans sa chute les planchers des deux niveaux ont été entraînés. La partie haute de tourelle ouest  est décapitée. Elle est au trois quarts détruite et laisse apparaître des lézardes. Des blocs de pierre, à dix mètres de hauteur, sont en équilibre instable. Ils menacent de chuter. Un énorme amas de pierres effondrées, de gravats et de poutres de chêne, barre en partie la route départementale.
La façade sud qui borde la route est aussi fortement lézardée. Elle ne peut plus s’appuyer sur le pignon ouest. Elle reçoit la poussée des poutres des étages qui se sont effondrés. Du haut de ses seize mètres de hauteur son couronnement en génoises menace de tomber. Le mur oriental qui semble le moins touché comporte deux fissures inquiétantes.

Le maire, M. Joseph Monier, réunit le conseil municipal en toute urgence. La circulation automobile est interdite entre la place de l’église et la place de la mairie. Elle est déviée par les chemins vicinaux, au nord du village. Pour les piétons des barrières fixent la limite de la zone dangereuse. Les occupants de la maison voisine sont invités à quitter leur domicile menacé par l’effondrement du mur ouest. Les décombres qui bloquaient la circulation sont enlevés.

 

 

Le samedi 26 janvier le maire présente une requête au Tribunal d’Instance de Limoux. Il demande le classement de la ruine en construction présentant un péril la sécurité publique.
Mme Lussagnet, juge d’instance, nomme M. Jean Jalabert comme expert. Elle lui confie la mission de « dire si l’immeuble présente un péril grave et imminent pour la sécurité publique et d’indiquer toutes les mesures indispensables à prendre ainsi que leur coût ».

Le lundi suivant, à quatorze heures, accompagné du maire, il va procéder à l’expertise. Il se rend au pied des ruines. Son rapport est catégorique : « Il est certain que la moindre pluie pénétrant dans le mortier de chaux vétuste mis à nu dans les parties sinistrés peut accélérer le processus d’effondrement par désagrégement. Le gel agissant dans les lézardes provoquera leur éclatement. Une maison située à quelques mètres de la tourelle déstabilisée est particulièrement exposée » 
Ils rencontrent ensuite M. Berdague, le fermier du château, qui leur fait visiter les dépendances. Pour cette partie du bâtiment l’expert recommande l’étaiement et le renforcement du plancher et de la toiture très vétustes. Comme M. Berdagues insiste pour que soit noté l’état d’insalubrité de la partie qu’il occupe on lui répondit : « C’est une question d’ordre privé. Il s’agit d’un défaut d’entretien qui concerne les rapports propriétaire locataire »

M. Jalabert demande la démolition de toutes les parties dont la chute menace la voie publique. Vu l’urgence le maire décide de contacter l’entreprise Rescaniéres de Moulin Neuf. A seize heures l’expert rencontre M. Rescaniéres. Un planning des travaux de démolition est aussitôt arrêté. Il est prévu d’évacuer cinq cent soixante mètres cubes de décombres. Des échafaudages seraient montés contre les murs. Leur arasement se ferait à la pioche. Le volume des matériaux à évacuer est évalués à prés de neuf cents mètres cubes Ils seraient amenés en décharge. Le coût des travaux est estimé à deux cent quatre vingt treize mille francs. M. Rescaniére assure que la démolition pourra commencer le 1er février compte tenu des délais nécessaires à l’acheminement du matériel.

Les frais de démolition étaient à la charge du propriétaire du château. Ce dernier M. Meertz devant le montant du devis refusa cette solution. Il se chargea de d’abattre par ses propres moyens les murailles jugées menaçantes.

 

 

 

 

ISSN : 1626-0139

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23/11/2010