origine du chateau de treziers

Histoire du château de Tréziers

 

 

 Le château de Tréziers était le bâtiment le plus imposant du village. Son corps principal s’inscrivait dans un quadrilatère de vingt deux mètres sur quatorze. Sa masse majestueuse dominait la rue principale du village d’environ seize mètres. A leur base, les murs mesuraient plus d’un mètre d’épaisseur. La façade sud était la plus intéressante. Deux tourelles à échauguette l’encadraient. Elles affirmaient la noblesse de la construction. Une double rangée de fenêtres à meneaux et croisillons lui donnaient un air de Renaissance. Le toit à quatre pans était de type languedocien. Il était revêtu de larges et lourdes tuiles romanes. Celles ci avaient été fabriquées à la main, dans la seigneurie même de Tréziers. Depuis des temps immémoriaux, la présence de bancs d’argile plastique, conjuguée à d’importantes ressources forestières, avait permis le fonctionnement de petites tuileries artisanales, notamment à la métairie de Bourrel qui dépendait du château.

A fleur de toit les greniers qui couvraient tout le volume du bâtiment étaient aérés par des petites fenêtres carrées, les « finestrous ». Leurs encadrements étaient en pierre de taille. Elles s’alignaient à l’aplomb des baies des étages inférieurs.
Une génoise couronnait les murs. Elle était constituée de cinq rangées de tuiles canal superposées. Il n’y avait pas de chenaux. En plus de son aspect décoratif  elle avait pour fonction de rejeter l’eau des toits loin du pied des murs. Le vent d’ouest, le Cers, domine en hiver A cause de lui l’efficacité du dispositif avait été prise en défaut. Les pluies rabattues vers les murs arrivaient à  déchausser leur base. Par sécurité on avait renforcée la muraille avec une sorte de glacis maçonné. Il était complété par un caniveau en galets de rivière.

Adossée à la façade orientale, une petite bâtisse, écrasée par la masse du château, servait d’habitation aux métayers.
Devant la façade nord s’étendait un vaste terre-plein appelé « hiére ou sol ». Il était utilisé pour le battage des moissons. Quelques bâtiments disposés en baïonnette s’imbriquaient dans le volume principal de l’édifice. On trouvait là, les écuries et les granges. Tout le monde employait le terme « d’écuries » bien que ce soit avant tout l’étable qui accueillait les bœufs du domaine. L’espace réservé aux bêtes occupait toute la partie ouest du rez-de-chaussée. Des bas flancs en bois le distribuait en stalles. Chacune recevait une paire de bœuf. Au dessus, sur un lourd plancher de bois soutenu de poutres massives en chêne, une immense grange à foin. Dans la pénombre, au dessus des râteliers, on devinait les trappes aménagées qui permettaient d’alimenter directement les animaux.

Le fumier était évacué par une porte percée dans le mur ouest. Il s’accumulait en contrebas formant un énorme tas fumant. Le niveau de la rue était bien plus bas que le rez-de-chaussée. A cet endroit le dénivelé était de prés de trois mètres.

 Vestige de  temps plus anciens, à la hauteur du premier étage de la façade ouest, une avancée en pierres massives, en encorbellement, évoquait  des mâchicoulis. Ceux-ci auraient protégé le pied de la muraille du château. Par des ouvertures, grâce au surplomb, il était possible de défendre l'accès à la porte en utilisant des projectiles divers. Etait-elle l’entrée du château primitif ? On peut imaginer une rampe lui donnant accès, longeant la muraille, surplombée par les mâchicoulis. Dans ce cas elle aurait été complétée par un dispositif de pont-levis. Nous nous trouverions alors dans une configuration défensive semblable à celle du château de Montaragou tout proche

 

Nous ne connaissons pas l’origine du château de Tréziers. Pour Noël Faure, qui était l’une des mémoires vivantes du village, les « moines de Camon » auraient édifié en ce lieu un bâtiment pour exploiter les terres environnantes. Il aurait été cédé plus tard à une famille dominante, les Cazalets,  qui l’aurait transformé en château seigneurial. Il n’est pas connu de documents d’archives validant incontestablement ce récit.
Toutefois, avant que le bâtiment ne soit détruit en 1980, nous disposions de quelques éléments architecturaux qui permettaient d’affirmer qu’il était assez ancien. Lorsque qu’on prenait le temps d’examiner la construction avec un tant soi peu d’attention attention, on se rendait compte qu’il avait été remanié à plusieurs reprises. Chaque nouvel aménagement n’effaçant pas toute trace de son organisation antérieure. Quelques uns, comme la présence de mâchicoulis et de baies à meneau, permettaient d’en ébaucher une chronologie.

Les mâchicoulis sont des dispositifs de défense qui furent rapportés d’Orient par les croisés. Ils se généralisèrent seulement au quatorzième siècle. Selon l’époque de construction leur conception a varié. Ici ils étaient bâtis sur des corbeaux de pierre. Il est vraisemblable qu’ils furent mis en place après les troubles qui suivirent la chevauchée du Prince Noir. De nombreux châteaux furent alors attaqués et détruits. En 1362 c’est Mirepoix qui est pillé puis incendié par les routiers de Jean le Petit. La bastide de Mirepoix sera reconstruite de 1364 à 1371.

 Des meurtrières qui subsistaient à la hauteur du grenier, sur les façades est et ouest, témoignaient pareillement de son passé d’ouvrage défensif.

Sa dernière transformation qui en fit une demeure seigneuriale est datée avec précision grâce à la pierre gravée en bosse qui était enchâssée dans la tourelle ouest. Lors de la démolition du château elle fut sauvée de la décharge. Actuellement, on peut la voir sur le pan de mur partiellement restauré de la façade nord. Elle porte la date 1619.

 

 

En ce début du XVI° siècle le bâtiment fut profondément restructuré. De larges fenêtres à meneaux et croisillons furent percées dans la façade sud-ouest et une partie de la façade nord-est. L’entrée principale fut placée du coté nord-est.

On ne peut déceler au château de Tréziers aucune trace de fortifications caractéristique d’une place forte : ni fossés, ni enceintes. Ici les éléments architecturaux militaires sont rudimentaires. Cela nous amène à considérer que cet ouvrage fut avant tout une  « maison forte ». Il était le cousin des « châteaux gascons » qui furent construits dans la première partie du XIV° Siècle (1). Ce fut une résidence noble peu fortifiée, centre d’une petite seigneurie, fonctionnant en symbiose avec ses exploitations agricoles.

 

(1) Evolution des châteaux forts dans la France du Moyen âge, André Chatelain, Edit. Publitotal, 1981, p.250 p. 243
 

ISSN : 1626-0139