MORTS DE LA GUERRE DE 14-18
Commune de Moulin Neuf

 
MERIC PAUL
MERIC Paul est né aux Pujols (Ariège) en 1879. A la déclaration de guerre en aout 1914 il réside à Moulin Neuf.
Il est mobilisé au 134e Régiment d'Infanterie de Macon comme soldat de deuxième classe affecté à la 8eme Compagnie.
Il meurt de la fièvre typhoïde le 8 janvier 1915 à l'hôpital militaire de Châlons-sur-Marne.

LE 134° REGIMENT D'INFANTERIE DE MACON

Le 134e RI est affecté à la 29eme Brigade de la 15e Division d'Infanterie, 8eme Corps d'Armée du général de Castelli. Le 134eme RI est commandé par le Colonel Mathieu.

La mobilisation s'effectue normalement. Le 4 aout au matin le Régiment est prêt. Son effectif est de 59 officiers, 3336 hommes. Il dispose de 54 voitures et de 188 chevaux. Il est sous les ordres du colonel Perrin.
Il part de la gare de Macon le 5 aout. Trois trains sont nécessaires. Le voyage dure 17 heures.  le Régiment débarque à Chatel-Nomexy dans les Vosges, non loin d'Epinal.

Le moral est excellent, l'enthousiasme indescriptible, et le sang de tous est redevenu traditionnellement français. Le Régiment sait qu'il fait partie avec le 8 e Corps du Général Castelli de la 1ere Armée du général Dubail, avec en couverture le 7e Corps et la 8e Division de cavalerie  vers Belfort …

Le 8e Corps est placé en 1ere ligne, en avant de la Moselle. Devant lui le 16e Chasseurs à cheval, sur la rivière de la Mortagne, dont il garde les passages de Vallois à Xermamont. Aucun renseignement sur l'ennemi...

Le Régiment fait partie de la 15e Division d'Infanterie (Général Bajolle). Avec le 56e il constitue la 29eme Brigade commandée par le général Grandjean
Les 2e et 3e Bataillons sont placés en avant postes au nord-est et au nord d'Haillainville (Vosges), sur la rive droite de l'Euron affluent de la Meurthe

Les troupes sont en attente. Elles en  profitent pour s'exercer et se mettre en main.

 

PREMIERS COMBATS
Lundi 10 aout 1914 : Une division allemande occupe la région d'Ogerviller.
A 6h le Corps d'Armée doit se porter sur la Meurthe, par Essy la côte, Giriviller, Vallois, Moyon jusqu'à Vathimenil sur la rive gauche. La marche se fait de nuit. Le 134e part à une heure du matin. A  six heures et quart, le 1er bataillon atteint la Meurthe dont il garde les passages, puis organise Chènevières, sur l'autre rive. Le 2e Bataillon met en place une tète de pont à Vathimenil. A dix-neuf heures, le 1er Bataillon laisse sa position a la 6e division de cavalerie et revient avec le 2e Bataillon en cantonnement d'alerte.
 


Samedi 15 aout. L'AVANCEE.

Vers  2 heures, on entend l'éclat d'une fusillade qui semble peu lointaine. Le régiment prend les armes. La fusillade cesse. C'était, parait-il, une attaque de nuit des Français sur Blamont.
Le lendemain le Corps d'Armée marche sur Higny- Hattigny. Le régiment traverse Blamont dont plusieurs maisons ont été brulées volontairement par les Allemands. Le pillage est général. Grande halte

Marche lente, gênée par le défilé de l'artillerie de corps , puis des sections de munitions d'artillerie, puis des colonnes d'artillerie lourde. Le 2e bataillon, qui est sur le flanc gauche, entend et voit tomber devant lui à un kilomètre environ, des projectiles lourds ennemis qui semblent mal adressés.
Cantonnement à Repaix où on arrive à 19h.
 

 

Lundi 17 aout 1914 : Départ à 5h30 pour Gogney. Attente prolongée sous la pluie. Enfin le régiment est dans le pays annexé Richeval, Ibigny, Hablutz.
La frontière a été franchie vers 18h. (Lors du traité de Francfort ,qui mit fin à la guerre de 1870, des territoires de Lorraine dont Sarrebourg et sa région avaient été annexés par l'Allemagne)
 

Mardi 18 aout : Mouvement en avant vers Barchain, Kerpich aux Bois. Le soir cantonnement Diane-Capelle
 

Mercredi 19 aout : Mouvement sur Sarrebourg à 12h. Pour éviter la grosse artillerie allemande, la brigade se porte au sud du canal, entre le village de Hesse et son moulin. A 21 h ordre de marcher par Xouaxange, Héming, Barchain, Kerprich aux bois, Langatte, sur une brigade saxonne signalée à Goselming et St Jean de Bassel. Arrivée a Langotte à trois heures. Le régiment est en 2e ligne pour appuyer l'attaque du 56e qui à Gosselming pour objectif. Le 1er bataillon marche à travers bois sur la ferme Altzing et St Jean de Bassel.

LA RETRAITE.
A la lisière Nord du bois du Commandeur. Il est assailli par des feux d'infanterie, d'artillerie de campagne et d'obusiers. Il essaie de se porter en avant, mais est repoussé. De nombreux cavaliers ennemis observent sur le flanc gauche. La position fortifiée de Saint Jean de Bassel n'a pu être enlevée. Le bataillon se reforme à Diane-Capelle .
Il organise une position défensive sur le chemin à 1500m de Barchain, face à Dime Capelle. Les débris éparts du régiment sont rassemblés. Les hommes sont épuisés.

Pertes.  Tués : 1 officier,  2 sous-officiers,  23 hommes de troupe.  Blessés : 5 officiers, 20 sous-officiers, 222 hommes de troupe. Disparus : 5 sous-officiers, 85 hommes de troupe. 12 chevaux tués ou disparus.

Vendredi 21 Aout : Le régiment part occuper Igny-Avricourt point frontière avec la Lorraine occupée. Pendant la marche en retraite le train régimentaire est soumis au tir fusant d'une batterie allemande; 1 tué 4 blessés.
 

Samedi 22 aout 1914.
Le 134e organise une position sur les cotes NO. de Blemerey Une brigade allemande attaque  la 16 e Division, à notre droite, vers Chazelles et Verdemil . A 15h ordre de se replier en arrière de la foret de Mandon. Le 134e va bivouaquer sur les pentes S.O. de Verthimenil

Dimanche 23 aout. Départ à 2 heures du matin. Le 8e Corps se porte derrière la Mortagne  , le 134e à Damas au Bois

Lundi 24 aout : L'ennemi est signalé en marche sur plusieurs colonnes venant du N.E. Le corps d'armé doit prendre les armes et se porter sur le flanc de ces colonnes La 29eme Brigade va sur le front  Roselieures-Vennezey. Le 134e pousse jusqu'à St Boingt et a l'ouest de la cote d'Essey. Occupation des 16h. Une forte canonnade s'engage à 19h.

 

LA POLEMIQUE DE LA BATAILLE DE ROZELIEURE (25 aout 1914)
Au mois d’août 1914, les Allemands tentent de passager en force entre Rozelieures et Saint-Rémy aux Bois dans le but de franchir la "trouée de Charmes" espace vide entre Toul et d’Epinal, qui étaient très fortifiées.
 
 

Mardi 25 aout. 
Confirmation de l'offensive. Le 134e doit attaquer sur le bois de Réthimont après avoir pris Rozelieures.
L'attaque doit être soutenue par l'AD15 sur les cotes d'Essey et sur le bois Chenevrier .
Le 3eme bataillon est mis en première ligne, le 2eme bataillon à droite du village,  le 1er bataillon à gauche.
Un seul pont sur l'Euron.
L'ennemi occupe la lisière du village ainsi que des tranchées à l'ouest de la foret de Réthimont. Le village est enlevé après un brillant combat. Mais au sortir du village le mouvement en avant est difficile. La 8e Cie arrive à 150m des tranchées ennemies. Le 1er bataillon progresse aussi versa gauche.
Mais le 210e RI qui était en soutien du régiment tarde à venir. Une contre attaque allemande accompagnée d'un bombardement du village par les obusiers oblige les unités à se replier. Le mouvement de replis est difficile parce qu'il n'y a qu'un seul passage.
Quelques sections bien en main résistent et protègent la retraite. Le régiment se reforme à Saint Rémy au bois sous la protection de la 6e Cie qui a organisé une forte position. Le régiment est placé en réserve aux bois de la Voivre. Le soir cantonnement à Damas aux bois.

Pertes de la journée. Tués : 4 officiers, 4 sous officiers, 4 caporaux 230soldats. Blessés : 10 officiers, 33 sous officiers, 35 caporaux, 370soldats. Disparus : 124 (probablement tués ou blessés)

 

Ce repli du 134e va faire l'objet d'une enquête et d'une polémique
 
Extrait du journal de marche (JMO) de la 15eme Division d'Infanterie
Le 134e suivi par le 210 marchent pat S. Boingt sur Rozelieures qu'ils attaquent, mais le groupe Bouville ne les soutient pas et le 134e lâchant prise se retire en désordre presque aussitôt perdant beaucoup de monde sur St Boingt. Le 210e au lieu de le soutenir dans cette retraite, se laisse entrainer, de telle sorte que nos perdons tous les terrains à coté.
 
Journal des opérations (JMO) du 210e RI

Le  210e RI d'Auxonne commandé par le Lieutenant Colonel Tisserand (source 26N 715/7)Le 24 aout  le 210e qui sort d'une période de combats éprouvants est en cantonnement d'alerte à Damas au bois. Réveil à 3h marche sur St Boingt. Le 210e doit appuyer une attaque du 134e sur Rozelieures et le bois de Réthimont. Vers 9h au moment où le bataillon Brusset pénétrait dans Rozelieures, le 134e recule en désordre entrainant le 210e. Le capitaine Marnier est tué ainsi que deux officiers de réserve Valette et Escofier Une centaine d'hommes sont tués ou blessés.

 
Journal des opérations (JMO) de la 29eme Brigade
Attaque générale à 4h du matin. Le 134e doit se porter à St Boingt par Rozeliéres sur le bois de Rhétimont; le 56e d'Essey la Cote par Venezey sur Bois deHaut du Mont.
Le mouvement débute de notre coté par deux succès à Rozeliéres et Vennezey, mais comme toujours les attaques ne sont pas soutenues. L'artillerie lourde transforme les villages en volcans. Vers 9h le 134e et le 10e abandonnent Rozeliéres après des  pertes énormes et se retirent sur St Rémy et les bois de Hayes. Pertes du 134e : 15 officiers, 820 hommes.
 
Annotation du journal de marche (JMO) de la 15eme Division d'Infanterie
 

Récit inexact ainsi que l'ont établi des renseignements fournis par la suite. Le 134e a franchi l'Euron et s'est emparé de Rozelieures, tout seul et non avec le 210e qui n'a rien attaqué, au petit jour. Mais il n'a pu déboucher de l'autre coté du village, fixé dans les vergers au nord du village par un tir puissant de mousqueterie, de mitrailleuses et d'artillerie. (Voire même de notre artillerie) Sur ces entrefaites une très forte contre attaque allemande (2 bataillon) profitant de la trouée que le 16e CA a laissée à gauche, attaque le village par le nord, parvient à s'infiltrer entre Roselieure et l'Euron.
Des combats acharnés à la baïonnette sont livrés dans Rozelieures. A 8h le chef d'Etat Major de la 15e DI arrivé en auto donne l'ordre au régiment de se porter sur St Boingt pour échapper à la manœuvre enveloppante de l'ennemi. Ce repli  très difficile s'est néanmoins effectué avec ordre, malgré un tir d'engagement effroyable de l'artillerie ennemie. A ce moment, les lisières du bois de Lalau étaient occupées par les chasseurs à pied. Ils contiennent l'ennemi qui vient prendre pied au SE de l'Euron. Ce qui reste du 134e est établi à l'Est de St Rémy au Bois. Des cavaliers de de la Division de cavalerie renforcent les chasseurs au nord du bois de Lalau. Le 27e est appelé. Il n'intervient que dans l'après-midi et parvient à rejeter l'ennemi de Rozelieures. La position de Rozelieure à d'ailleurs été attaquée dans l'après-midi du 25 par les 15e et 230e RI.

Là où le 134e s'est trouvé seul le matin, il y a eu l'après midi une accumulation de forces considérables. Le 210e a été plutôt spectateur que figurant dans l'action de la matinée. Rozelieures fut abandonné par l'ennemi dans la nuit du 25.
 


Le 2e Bataillon de Chasseurs à Pied, de la 74e Division d’Infanterie française du 16e Corps français. Appuyés par le feu de neuf batteries d’artillerie qui tirent sans relâche sur le village, les soldats Français du 2e Bataillon de Chasseurs à Pied s’élancent et, suite à un combat disputé, refoulent les troupes du 1er Corps Bavarois de réserve hors de Rozelieures. Les Bavarois y laissent 2500 cadavres. La reprise du village provoque le reflux de la IIIe Division d’Infanterie Bavaroise
 

26 aout 1914. Reprise de l'offensive pour toute l'Armée. Pour la 15e Division l'objectif est le front Vallis-Domptail. Le 134e marche précédé par un guide par le bois d'Hérillainville, le bois de Gériviller, le bois de la Horne vers la cote 321 et Matlexey. La descente des pentes se fait en formation ouvertes sans incident. Cantonnement à Girivillon où le régiment reçoit mille réservistes envoyés par le dépôt de Macon. L'amalgame se fait a minuit. La plupart de ces hommes n'ont ni livret militaire, ni plaque d'identité.
 

 

16 septembre

Pendant la nuit du 15 au 16 novembre le Régiment est transporté en chemin de fer par Mirecourt Pont Saint Vincent, Commercy, Lerouville. De Lérouville les trois éléments de transport sont successivement poussés jusqu'à Saint-Mihiel où ils débarquent. Tout le régiment est logé dans la caserne Négrier. Dont divers bâtiments sont encore en construction.

19 septembre  : le 8e corps d'Armée se porte vers le Nord . La 16e Division s'établit dans la trouée de Spader et sur les cotes de Meuse face à Metz. La 15e Division dans la région de Lacroix sur Meuse où le 134e cantonne. A 15h il reçoit l'ordre de quitter le cantonnement pour s'embarquer à Sampigny, destination Ste Ménehould. Le train du régiment et les troupes à cheval font le mouvement par voie de terre. Le 8e Corps fait ainsi partie de la 4eme Armée. Arrive du dépôt un renfort comprenant, 4 capitaines,, 8 lieutenants, et 500 hommes qui rejoignent le régiment à Verriéres.
 

23 septembre. En vue d'une action sur la Meuse le 8e Corps d'Armée se positionne. La 16é Division rejoint Lérouville par voie ferrée, La 15e Division dans la région de Chaumont sur Aisne.  Le Régiment est en avant-garde de la Brigade


Maurice Barrès a écrit : « Si Paris a été sauvé à la Marne, c’est parce que Castelnau avait vaincu à Rozelieures ». La bataille fit de nombreuses victimes notamment dans les rangs du 134
ème
RI de Mâcon qui perdit le tiers de ses effectifs.

 

 
LE SAILLANT DE SAINT MIHIEL
OCTOBRE 1914 (Région de Pont sur Meuse)
Nuit du 21 octobre. A 5h la 10eme compagnie du 134eme RI font un mouvement en avant et gagnent une cinquantaine de mètres Deux patrouilles sergents Lafont et Faure s'avancent jusqu'au tranchées ennemies et s'emparent sur le parapet de divers effets d'armement et d'équipement.
Le 25 octobre le colonel Sarda est relevé de son commandement. Il est dirigé sur le dépôt de corps de Macon. Le 26 le lieutenant-colonel Mathieu prends le commandement du Régiment.
28 octobre le 3eme Bataillon avec la 10eme Compagnie passe en première ligne dans le secteur du Saillant. Ils sont violemment bombardés et essuient de très vives fusillades dans la nuit du 31 au 1er.
 
NOVEMBRE
18 novembre beaucoup d'hommes en premiére ligne ont les pieds gelés.
21 novembre un renfort de jeunes soldats conduit par le capitaine Mathis arrive sur le front.
25 novembre le régiment uitte le secteur des bois et de la 16eme DI pour aller occuper un secteur rive gauche de la Meuse. Un bataillon à Koeur la Grande , un bataillon à Koeur la Petite, un bataillon à Sampigny Mesnil Ligniéres, La CHR  et l'Etat Major à Courcelles
La 3eme Brigade va à Koeur la Petite.

 
DECEMBRE
12 décembre : Bombardement du village de Courcelle .Vingt obus de gros calibre 105 ou 210 tombent 3 tués et 12 blessés
Le village de Sampigny est incendié, quartier de l'Eglise
16 décembre la Meuse est en crue, gêne les liaisons.
27 décembre la glace du canal gèle
 
JANVIER 1915
Le 134eme RI au 1er janvier 1915
Colonel : Le Maistre. 10eme compagnie (3eme bataillon): Sous-lieutenant Boisson.
Au 1er janvier la 10eme compagnie est sur la rive gauche de la Meuse ) Koeur la petite et la presque-ile de Han.
Dix obus de 105 sont tirés par les Allemands. Des distributions supplémentaires, pommes, noix, jambon, vin ordinaire, champagne ont eu lieu dans toutes les unités à l'occasion du 1er janvier.
Le 02 janvier bombardement ennemi sur la gare de Koeur et sur Sompigny avec du 210.
Le soldat Meric Paul malade est évacué sur l'hôpital militaire de Chalons sur Marne ou il va décéder le huit janvier.
 

SOURCES
Archives Etat Civil Mairie de Moulin Neuf
Site Web Mémoire des hommes
Ministère de la Défense,  Service Historique de la Défense, Inventaires, Cote
 26 N 296/1 Journal des Marches et des Opérations 15eme Division d’Infanterie.
Ministère de la Défense,  Service Historique de la Défense, Inventaires, Cote
 26 N 504/4, Journal des Marches et des Opérations29eme Brigade d’Infanterie.
Ministère de la Défense,  Service Historique de la Défense, Inventaires, Cote
 26 N 665/5, Journal des Marches et des Opérations 83eme Régiment d’Infanterie.