MORTS DE LA GUERRE DE 14-18 |
JEAN Paul Saturnin Charles |
JEAN Paul Saturnin Charles, né le 29 septembre 1870 au Cazal des Faures. Il fut mobilisé au 59e Régiment d'Infanterie. Il est mort pour la France le 22 aout 1914 à Bertrix en Belgique. C'est par un jugement du tribunal de Pamiers, du 28 aout 1920, qu'il fut déclaré décédé. |
LE 59° REGIMENT D'INFANTERIE |
La devise du 59e Régiment d'Infanterie est "Toco y se gausos".(Touches y si tu ose). |
En 1914 il est en casernement à Pamiers, à la caserne Sarrut . Il est rattaché avec le 88e RI à la 68e brigade d'infanterie et a la 34e Division (général de brigade Alby) Ce régiment vivra la retraite des 2e et 4e armée, la bataille de la Marne, en 1915 l'Artois, en 1916 la bataille de Verdun. Il disposait de 3 bataillons désignés par le nom de leur commandant. Le 1er Molins, le 2e Bruyères, le 3e Mir. |
EXTRAITS DU JOURNAL DE MARCHE DU 59° REGIMENT D'INFANTERIE |
Le 03 aout 1914 le régiment quitte la caserne Sarrut à Pamiers pour rejoindre le lieu de mobilisation : Foix. Le 2e et 3e bataillon partent de Pamiers à 5h30. Ils arrivent à Foix à 10h. Ils cantonnent au Lycée. Les réservistes arrivent à partie de 14h |
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Le 6 aout à 15h le Régiment, au complet, est sur pied de guerre.
Le colonel Dardier le passe en revue sur les allées de Vilotte. A
l'issue de la revue, il présente le drapeau au régiment mobilisé. Le 59e défile musique en tête et drapeau déployé, comme pour une grande fête,
plusieurs criaient " à Berlin, à Berlin ". Le régiment dispose, de trois sections de mitrailleuses, dont une section à bicyclette et une sur voiturettes, d'un groupe de douze éclaireurs à cheval, de. trois bataillons de quatre compagnies chacun. L'effectif est de 172 sous officier et 3163 hommes de troupes et caporaux. |
Le régiment doit être acheminé par voie ferrée. Il embarque dans la nuit du 7 aout. Il atteindra sa destination, la gare de Suippes, le 9 aout après midi. Le 12 aout il cantonne à Vienne-la-Ville |
Le Régiment qui est rattaché à la 34e Division d'Infanterie reçoit, le 13 aout, l'ordre de se porter au nord-est de l'Argonne à Binarville (Marne) devant l'église. |
Cette première étape s'exécute sans incidents. A signaler,
toutefois, qu'entre Landres et Somerance la colonne a été survolée, à environ
1200 m, par un
biplan allemand. Le 14 aout la journée est très chaude. Cantonnement a Remonville, Landreville, Landres dans les Ardennes. Le matin du 15 aout à nouveau deux avions allemands. |
DIRECTION LA BELGIQUE |
Le 3 aout 1914 l'Allemagne avait déclaré la guerre à la France. Le plan allemand (Schliefen) était de déborder par l'ouest pour encercler l'Armée Française. La Belgique refuse de laisser passer les Armées Allemandes. Elle est envahie le 4 aout. En Wallonie la ville de Liège résiste. |
Le 21 aout le Régiment est à Carignan, à une dizaine de
kilomètres de la frontière belge. Accompagné du 88 RI, d'un groupe d'artillerie, d'une compagnie du Génie , le régiment passe la frontière, pour aller à Muno en Belgique. La marche se fait par une température des plus lourdes. Les traversées des bois et l'obligation d'emprunter des chemins de terre sont la source de fatigues considérables. Au moment ou les troupes achèvent de ce former en halte gardée, éclate un violent orage Le 59e se trouve à une douzaine de kilomètres au Nord-est de Sedan. en cantonnement précaire à la nuit tombante. Par suite de la durée de la marche, des conditions atmosphériques, de l'état et du tracé des chemins, les troupes sont harassées |
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Muno |
SAMEDI 22 AOUT |
En pleine nuit le 68e Bataillon reçoit l'ordre de se porter sur Offagne par Dohan, les Hayons, et Fays- les-Veneurs. Le 59e est en tète. L'orage de la veille a sensiblement rafraichi la température. Le pays est accidenté avec les routes en défilés. La troupe se ressent, visiblement, de la pénible étape de la veille. En cours de route le Colonel, prévoyant un engagement dans la journée, fait distribuer les cartouches des voitures de la compagnie. La marche est difficile, terrain très accidenté, ravins, chaleur insupportable. Beaucoup d'hommes sont fatigués. Arrivée à Offagne vers midi. Le régiment reçoit l'ordre de stationner et de prendre un dispositif d'avant poste de façon à couvrir le rassemblement de la Division |
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A midi, la Brigade obtient un renseignements par le colonel de Teyssieres du 11e corps : la cavalerie ennemie serait retranchée dans les bois à la foret de Luchy avec soutien d'infanterie. |
Vers 13 heures le Régiment est informé que l'ennemi tient le
pont de Jehonville Orchamps Le Corps d'Armée va attaquer. La 68e Brigade est à l'aile gauche de la 34e Division (Montauban) à Jehonville, au sud-ouest de la foret de Luchy. La 33e Division sur Orchamps. Le 59e Régiment de Pamiers a pour objectif, plus au nord, Anloy par Sert et le bois de Pérée. |
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Le Régiment se porte sur Auloy par Le Sert, la route de Sert à Maissin et le chemin qui se détache à droite sur Anloy.
La marche devient très pénible par suite de la forte chaleur. On entend la
canonnade depuis le matin. La 67eme brigade s'est déjà engagée. Il faut agir vite! Le dispositif d'attaque est difficile à réaliser par suite de l'éparpillement des troupes en avant postes. La liaison n'est pas très bien assurée. Le colonel met en tète le bataillon Mir réduit à deux compagnies et demi. La 10e est en avant. La 9e en échelon en arrière et à droite. La 12e est réduit à deux sections. Le Bataillon Moliers doit marcher en échelon et en arrière du Bataillon de tète, le Bataillon Bruyères en arrière et à gauche. |
Avant d'arriver à Sert des formations ouvertes sont prises,
bataillons échelonnés, compagnies en ligne de section, par quatre. La tète du
Régiment traverse Sert qui n'est pas occupé et s'engage dans les bois Piret situé
entre le village de Sert et Anloye. La 10eme compagnie suit exactement l'axe de marche. Dés que les premières unîtes du bataillon Mir atteignent la lisière nord des bois Piret, elles essuient le feu de l'infanterie allemande établie dans deux lignes de tranchées garnies de fils de fer barbelés implantées au nord de cette lisière. La compagnie de tête se déploie immédiatement. Elle ne tarde pas a être en butte à un feu violent d'artillerie. Le colonel du 59e prescrit de la faire soutenir à droite et à gauche et lance ensuite le bataillon entier à l'attaque des tranchées ennemies. Deux lignes de tranchées allemandes sont successivement prises. |
Mais le feu de l'ennemi est tellement meurtrier que la moitié de l'effectif
des sections engagées a été fauché avant d'arriver sur la position
ennemie. Le Commandant Mir est tué par un obus. Le Colonel ne pouvant plus soutenir les fractions avancées de son régiment donne l'ordre de se replier sur la lisière du bois. Ce mouvement se fait avec beaucoup d'ordre en alternant le feu et le mouvement. La 5e Cie du 2e bataillon arrive et le colonel tente une nouvelle attaque. Ce mouvement échoue comme le premier, suite à la violence du feu de l'ennemi. Les troupes montrent un entrain endiablé. Mais on est obligé de ce replier sur la lisière du bois. Le Colonel Dardier commandant du 59e est tué vers 17 heures. La 11e Compagnie qui a marché toute la journée au canon, mais lentement, à cause de la difficulté du terrain arrive enfin. Elle prend pied à la lisière du bois mais ne peut pas déboucher. |
Le bois est entièrement battu par l'artillerie allemande, la
lisière, par le feu de mousqueterie. L'artillerie allemande n'est pas et ne
peux être contrebattue. Quelques sections essayent de déboucher
de la lisière du bois. Immédiatement fauchées elles sont ramenées en arrière.
Les Compagnies supportent de grosses pertes. Cependant le feu de
mousqueterie Allemand se trouve ralenti par le feu de notre section de mitrailleuses.
le 88e Régiment d'Auch venant renforcer le 59e, ordre est donné de mettre en
ligne tous les éléments. Il est toujours impossible de déboucher de la
lisière du bois. |
Vers 18 heures l'ordre de repli est donné par le Général commandant la 68e
brigade. Cet ordre, transmis d'abord au bataillon Mir, est communiqué
tardivement à certaines unités du régiment en raison des difficultés de
liaison sous bois. Chaque unité bat en retraite pour son compte. Cependant des unités sont restées sur le champs de bataille. Au bataillon Bruyères, les 6e et 8e, au bataillon Mir la 11e, au bataillon Molins quelques éléments de la 2e Cie avec le lieutenant d'Aram. Enfin, le bataillon Terrare du 88e, sous la direction du colonel Mahéas, qui n'a été touché par l'ordre de repli s'est porté sur son objectif (Anloy) et s'établit pour la nuit a un kilomètre au sud du village. Des groupes éparts se replient sur Offagne, Fays les Veneurs, Dohan. |
Dans cette journée la conduite des troupes du 59e a été admirable. L'état des pertes seul le prouve. Le colonel est tué. Sur trois officiers supérieurs un seul reste disponible. Les 2/3 des officiers subalternes sont tués ou hors de combat. De nombreux sous officiers restent sur le terrain, le régiment a perdu plus de 1/3 de ses effectifs. |
Le Régiment s'était heurté à un ennemi fortement retranché |
DIMANCHE 23 AOUT |
Le mouvement de repli s'exécute péniblement dans la nuit. La Brigade est reconstituée à Dohan et dirigée ensuite sur le château des Armerois et la ville de Muno qu'il atteint vers 8h |
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Le mouvement de retraite se poursuit pendant toute
la nuit. La Division, mélangée à de très nombreux éléments des autres troupes
du Corps d'Armée, s'engouffre sur la route d'Offagne à Dohan par Fays les
Veneurs et Hayons. Les états-majors s'efforcent de canaliser cette cohue en
aiguillant la 33e Division sur Bouillon la 34e sur Dohan. Tous ceux qui ont eu la tristesse de vivre cette nuit sinistre en conservent à jamais l'ineffaçable souvenir. Il faut avoir vu cette route, encombrée, par endroits d'une double et même d'une triple rangée de voitures de toute sorte à travers lesquelles les fantassins se frayaient un chemin. Il faut avoir senti la poussée irrésistible de cette masse en déroute, avoir vécu ces mortelles heures dans l'attente angoissante d'une poursuite qui heureusement ne se produisit pas, pour comprendre l'état d'âme de cette belle division, à laquelle, le matin même, tous les espoirs étaient encore permis, et qui, le soir venu, se trouvait tout à coup face à face avec la désolante réalité de la défaite. (Journal de marche 34e division d'infanterie) Dans ces combats du 22 aout l'Armée Française aurait perdu 27000 hommes. |
Dans la nuit du 25 au 26 aout le régiment reçoit l'ordre de repasser la Meuse par un pont de bateaux établi par le génie à Villers devant Mouzon. Ils reçoivent comme objectif la ferme de Cogneux dans les bois de Cogneux. A 11h du matin les distributions sont faites. Les hommes n'avaient rien reçu depuis deux jours. Le Lieutenant Colonel de Rességuier prend le commandement du Régiment |
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Le soldat Jean est porté mort pour la France le 22 aout 1914 à Bertrix (Belgique) Cette localité d'environ 8000 habitants ce trouve à une dizaine de kilomètres en arrière du champs de bataille. Le soldat Jean a certainement été blessé dans les combats, il a été évacué vers ce lieu où il décédera. Quelques jours plus tard, le 24 aout, l'armée impériale allemande fusillera onze civils et feront sauter quatre maisons dans cette ville |
TEMOIGNAGE COMPLEMENTAIRE (11e RI DE MONTAUBAN) |
La perte de plus de 400 soldats et les cadavres de 474 chevaux jonchent le chemin qui traverse le bois allant de Bertrix à Ochamps. 27 pièces d’artillerie manquent sur les 36 de l’unité ! Le 7e de Cahors venu en soutien, laisse de son côté, 572 hommes. Le 23 août à 3 heures 50, le lieutenant de Jausiandy, commandant la 8e compagnie du 11e RI, est chargé par le commandement de réunir les “ débris “ du régiment en repli à Herbeumont, près de la frontière française en territoire belge. L’effectif total du régiment est de 524 hommes, sur les 3 348 qui ont quitté Montauban le 4 août. Les jours suivants, la population belge martyrisée par les troupes d’occupation doit, sous la contrainte armée, enterrer en toute hâte, hommes et chevaux, tant la chaleur “ les avaient gonflés et noircis ! “. Ce qui est le premier contact des soldats Tarn-et-garonnais avec l’ennemi demeura l’un des plus grand désastre humain de toute la première guerre mondiale pour notre région. |
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Le 15 septembre, le 59e va prendre les premières lignes dans le village d'Etain...... |
SOURCES Archives Etat Civil Mairie de Moulin Neuf Site Web Mémoire des hommes Ministère de la Défense, Service Historique de la Défense, Inventaires, Cote 26 N 650/1, Journal des Marches et des Opérations 59eme Régiment d’Infanterie. Ministère de la Défense, Service Historique de la Défense, Inventaires, Cote 26 N 326/1, Journal des Marches et des Opérations 34eme Division d’Infanterie. Ministère de la Défense, Service Historique de la Défense, Inventaires, Cote 26 N 665/5, Journal des Marches et des Opérations 83eme Régiment d’Infanterie. Ministère de la Défense, Service Historique de la Défense, Inventaires, Cote 26 N 667/11, Journal des Marches et des Opérations 88eme Régiment d’Infanterie Ministère de la Défense, Service Historique de la Défense, Inventaires, Cote 26 N 515/4, Journal des Marches et des Opérations 68eme Brigade d'Infanterie Michel Florens Association Mémoire 8 |
24/03/2012 |